Witold Gombrowicz - Entretien 01/01/1970 /Gilbert-Maurice Duprez .
[ Enregistrement Audio Intégral ]
"L’art se crée parmi des hommes vivants et concrets, donc imparfaits. Il pullule de nos jours, ce genre de style qui vous fatigue et vous torture et vous arrache les boyaux, né d’une recette cérébrale, et fabriqué par des gens tout bonnement mal élevés. Il faut que votre verbe vise a tteindre les hommes et non les théories, les hommes et non pas l’art."
Journal, 1954
"Imaginez-vous mon “Journal”, Dominique, comme l’intrusion dans la culture européenne d’un paysan, d’un Polonais campagnard, avec toute la méfiance et le réalisme du paysan."
Testament. Entretiens avec Dominique de Roux
"N’empêche qu’on saurait à peine imaginer destin plus ironique : qu’il faille encore que moi, dans mon abîme, dans mon éloignement océanique, je me sculpte moi-même de ce brouillard, et que cette brume, cette nuée de vapeur, je la transforme en poing !"
Journal, 1963
"Ainsi, moi, je veux parler. Mais il me faut aussitôt avertir le lecteur : rien de tout ce que je dis n’est catégorique – tout est hypothétique... Tout. Oui, tout - et pourquoi le cacher ? - dépend de l’effet produit sur vous. Tel est le caractère qui détermine ma production littéraire. J’essaie divers rôles. "
"Ne vous laissez pas terroriser. L’expression « moi » est tellement essentielle, tellement fondamentale et remplie des réalités les plus tangibles et les plus sincères, c’est un guide infaillible et une pierre de touche tellement rigoureuse que, loin de la mépriser, nous devrions plutôt nous mettre à genoux devant elle. Je manque encore, semble-t-il, de fanatisme dans ma passion pour ma propre personne, et de même n’ai-je pas su – par peur des autres- me donner à cette vocation qui m’incombe et creuser suffisamment la question. C’est moi – le premier et sans doute le seul de mes problèmes : le seul, l’unique de tous mes héros auquel véritablement je tienne."
Journal, 1954
"Ma souveraineté, mon indépendance, et même mon insolence joyeuse, mon je-m’en-foutisme général, ma provocation permanente, ma confiance exclusive en moi-même, tout cela vient de ma situation sociale et géographique. J’étais contraint de n’avoir d’égards pour personne car personne n’en avait pour moi. Je me suis formé dans un isolement presque complet ; je présume que peu d’écrivains en ont subi un pareil. A peine remarqué, négligé dans la Pologne d’avant-guerre, puis écrasé par la guerre, ensuite mis à l’index par le régime communiste, et maintenant, ici, en Argentine. […]
Je suis devenu audacieux car je n’avais vraiment rien à perdre : ni honneurs, ni bénéfices, ni amis. Il fallait que je me retrouve face à moi-même et que je m’appuie sur moi-même car je n’avais personne d’autre sur qui m’appuyer. Ma forme, c’est la solitude."
Journal, 1958
« Je suis le self-made-man de la littérature. »
Witold Gombrowicz
Les citations ci-dessus
sont empruntées
au riche site consacré
à Witold Gombrowicz
DESSERT :
GOMBROWICZ ET "LA MAUDITE TARTE AUX POMMES"
"En France, vous êtes condamné à la maudite tarte-aux-pommes, partout vous êtes menacé par la tarte-aux-pommes, vous ne pouvez pas vous échapper de la tarte-aux-pommes, jamais…"