mardi 20 mars 2012

Plumes & goudron


Article paru dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace en janvier 2004 / cliquer pour lire
En plein inventaire des bordéliques et envahissantes archives de La Main de singe, je retombe sur cet article délirant paru en 2004 dans le quotidien Les Dernières Nouvelles d'Alsace.
Je le colle ici, histoire de ne plus l'égarer.
Je tiens enfin la preuve que j'ai bien donné, à Strasbourg, en 2004, deux espèces de Conférences, une à la Bibliothèque, l'autre au Musée d'Art Moderne. C'était à l'occasion du lancement de la dernière série de La Main de singe.  (Revue semi-strasbourgeoise puisque son spin doctor était Claude Riehl.)
On peut lire dans ce papier tout le bien que pensait de moi le dénommé Jacques D., à l'époque grand manitou local de ce genre de soirées festives. 
Or, tant d'années plus tard, je n'ai toujours pas touché le cachet qui m'était contractuellement dû pour la deuxième de ces prestations, au fameux Musée. Je ne suis jamais allé causer sur une tribune ou à un micro sans être rémunéré. C'est tout de même la moindre des choses. Et la première, sinon la seule, des motivations pour accepter de se produire quelque part. J'ignore en ces matières le béat bénévolat.
Pendant un temps j'ai compté sur l'amitié si vive du commanditaire, mais macache bono ! Les mois passèrent, sans l'ombre d'un chèque  de la Ville de Strasbourg ni d'un coucou du copain ! Ah mes amis ! Parlez-moi de l'amitié ! Alors j'ai réclamé, et je n'aime absolument pas réclamer, quoi que ce soit, et, encore pire, ce qui m'est dû. On a vraiment l'air con quand on se plaint et qu'on sert la petite note en retard. Mais on a l'air encore plus con lorsqu'on n'obtient aucune réponse.  
J'envisageai alors de remonter là-haut pour me faire payer à mains-nues. Las ! En février 2006, la disparition brutale de Claude Riehl raya du même coup Strasbourg de ma géographie fréquentable. Jamais je n'y retournerai.
Comme il y a prescription administrative et qu'il est trop tard pour espérer règlement à l'amiable, pourquoi donc ne pas me venger en me payant en nature : par le récit impitoyable de cette soirée au Musée, et en mettant les rieurs de mon côté ? Voilà un  excellent sujet tout trouvé. Du vécu ! Du ressenti ! Quasi du social ! On ne donnerait même pas le nom de l'ami indélicat, car il coule depuis longtemps une retraite paisible, tout à la poésie et à l'apéro. On l'affublerait d'un sobriquet de super héros catastrophique, puisqu'il s'est fait une spécialité de ne chanter que les volatiles et les plumitifs et de ne siffler que des godets : L'Archicuit. On se contenterait de cette fameuse "écriture de facture classique, empreinte de réactions assez spontanées voire viscérales" qu'il me prête avec la condescendance du cuistre d'avant-garde. Ce serait "féroce et jubilatoire, d'un lyrisme cosmique affûté" comme dit le pigiste esbaudi. On appellerait ça Plumes & Goudron. On donnerait ça en feuilleton, puis en volume. Voilà un roman alimentaire tout cuit. De quoi se rembourser un peu. Chiche ?
L. W.-O.


Cette coupure éloquente pour répondre aussi à ceux qui se demandent pourquoi, depuis, je me suis affublé d'un autre sobriquet, de vedette américaine : quand on a un press-book rempli de ce genre d'articles, mieux vaut en effet changer de nom. Avec en bonus l'avantage d'effacer la colonne "du même auteur".

mercredi 14 mars 2012

LECTURES INNOMMABLES / 3

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À propos de cette nouvelle rubrique de lecture en blind-test,  si on se demande de quoi il retourne, on lira ce préambule à la première volée de pages anonymes. 
L. W.-O.

7 SEMAINES AVANT L'ÉLECTION



Feuilleter ce numéro en ligne

 Comme tous les mercredis, je lis le canard éphémère lancé par Frédéric Pajak dont j'ai fait joyeuse réclame l'autre jour. (J'avais aujourd'hui une excellente raison de plus d'aller l'acheter : pour y lire la chronique qu'on a eu la lubie de me demander.)
L. W.-O.

Au sommaire de ce troisième numéro : 
Frédéric Schiffter, Frédéric Pajak,  
Philippe Garnier, Arnaud Le Guern, 
Roland Jaccard, Alain Bonnand, 
Romain Chabrol, David di Nota,  
Olivia Resenterra,  Célestin Monga 
et les dessinateurs 
Willem, Mix & Remix, Micael, 
Jean-Christophe Menu, Cardon, Anna Sommer, 
Muzo, Noyau, Morvandiau, Brad Holland, 
El Roto, Captain Cavern, Aurel…

Liens :

Où trouver ce journal près de chez vous :
« 9 Semaines avant l’élection » se trouve un peu partout, dans les kiosques et chez les marchands de journaux, en France, en Suisse, en Belgique et au Luxembourg.
Si vous avez besoin de plus de précisions et que vous habitez en France, rendez-vous sur le site www.trouverlapresse.com : tapez « 9 semaines » dans la barre de recherche (même si vous désirez trouver des numéros ultérieurs.)


dimanche 11 mars 2012

Interlude pour insomniaque /34



Un interlude, long, haletant et remuant, pour faire patienter en attendant quelques belles surprises : Démanty noci (Diamant de la nuit), du tchèque Jan Nemec (1964).
L. W.-O.

jeudi 8 mars 2012

Lectures innommables / 2

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À propos de cette nouvelle rubrique de lecture en blind-test,  si on se demande de quoi il retourne, on lira ce préambule à la première volée de pages anonymes. L. W.-O.

dimanche 4 mars 2012

”Insupportablement grave, absolument pas sérieux et irrésistiblement intelligent”




À une époque où, en voie de ratatinade et d'extinction, les journaux rapetissent, quasi tous passés au tabloïd et bientôt appelés à se rétrécir au format du papier hygiénique, avant de disparaître dans le trou noir du maelström ( hein ?!!? quel privilège, on a, nous autres, d'assister à l'essorage fatal de ces inconsistants torchons merdeux ! Ah si Gustave Flaubert, Marcel Schwob, ou Karl Kraus, Baudelaire, Céline, Arno Schmidt avaient pu avoir cette chance !), à une époque donc où les canards doivent en rabattre, c'est tout de même bien chouette de pouvoir retourner au Tabac-Maison de la presse pour acheter un canard car on a enfin (enfin !) un canard à acheter, tout du moins le prétexte d'aller acheter un canard enfin achetable (ce qu'on n'espérait plus), alors qu'on n'en achetait plus depuis quasi vingt ans. Faute de.
Acheter cet inespéré canard enfin achetable et ne pas avoir le sentiment, comme avec les autres canards, de commettre un acte aussi grotesque et pénible et contre-nature que s'enfiler dans le fondement la Carotte Lumineuse géante de l'enseigne, ou acquérir du papier hygiénique déjà usagé. Rien que pour ça, c'est déjà bien chouette.
On a donc un canard à acheter, on n'en revient pas, on l'attrape, on le plie ou on le roule, on grommelle une espèce de moitié de bonjour, on le paye avec la honte de la poignée de pièces jaunes, on va dare dare en terrasse, on le déploie et, surprise !, c'est un bon vieux canard du format des bons vieux canards comme on n'en fait plus : d'une envergure à pouvoir se cacher derrière très efficacement. 
Un tel journal existe donc ! On se pince. Et on se fait mal, car c'est bien vrai, on est même caché derrière, on peut faire toutes les grimaces qu'on veut, compter les hachures du poster central, on peut fumer comme un pompier, actionner ses zygomatiques en lisant, relâcher l'impassibilité de mise quand on doit opérer masqué, c'est-à-dire à découvert. On se relaxe. On est bien finalement, à cette terrasse, avec ce rayonnant soleil d'Office du Tourisme, et même le croissant à l'huile de palme n'a plus le goût du savon, et ce moineau est très comique qui prend mon lacet pour un asticot. Avec ce vaste canard je peux enfin retourner lire dehors. Ce n'est pas rien ! 
En plus, ce canard nous garantit de ne pas guignoliser les guignols du grand-guignol démocratique, de ne jamais même citer leurs noms. De les snober. Voilà qui nous fera des vacances et un peu d'espace pour respirer. Et savoir qu'on n'est pas le seul à dégueuler ces loufiats de cet ectoplasme, le peuple, nous prouve qu'on n'est pas si dingue de ne plus supporter le moindre de ces noms.
Mais cette feuille ne passera même pas le printemps : comme son titre l'indique, 9 Semaines avant l'élection, elle ne paraîtra que jusqu'au premier tour des élections si j'ai bien tout compris. Neuf semaines tout de même. Soit neuf fois douze pages. Assez pour se bricoler un kon-tiki en papier, où sauter avec sac de survie, dès que le tsunami de merde atteindra notre étage. Ce qui ne saurait guère tarder, à vue de nez. Cette légère embarcation bariolée de fumisteries quadrichromiques et de bribes tragiques, de facture très "merz", dérivera longtemps sans crever sur le Noun excrémentiel, si on a du tact et qu'on ne s'agite pas comme un gros patapouf et qu'on a le courage qu'on prête à Arthur Gordon Pym. (Quant à la pagaïe : j'ai déterré à Roche le pilon de l'Autre.)
L. W.-O.

9 Semaines avant l'élection est une nouvelle lubie de Frédéric Pajak, qui n'est certes pas un dynamique entrepreneur, mais en quelque sorte un idiot terroriste lanceur de traits et de feuilles, sans illusions, et certainement pas habité par le moindre souci pédagogique ou informatif. Dire le pire, juste pour le fun : c'est une des seules joies en cette vie. J'ai un faible pour les lanceurs de canards imprévisibles. 
«[…] Ironie, élégance, désenchantement : telles sont les faibles armes qui s’exprimeront ici pour passer le temps, au moins ce temps mauvais de polémiques, de manœuvres, de revirements, de scandales — ces bons scandales qui font toujours bouillir la marmite. Un journal contre les convictions chimériques, contre la politique obligatoire, contre le pain rassis et le jeu électoral. Un journal incrédule, révolté, rêveur, ”insupportablement grave, absolument pas sérieux et irrésistiblement intelligent”»
Tant que j'y suis, je signale un de ses nombreux bouquins : je viens de relire, pour la énième fois, avec jubilation, son Schopenhauer dans tous ses états, anthologie concoctée avec Didier Raymond. C'est très sombre, et ça fulmine. Donc c'est très drôle.
Parmi les nombreux collaborateurs de ce nouveau canard éphémère, on retrouve ceux de feu L'Imbécile. 
Frédéric Schiffter donne une espèce de journal (Neuf semaines dans l'existence) dont on espère qu'il sera un jour réuni en volume, avec d'autres chroniques éparpillées dans la presse et sur son blog : "(…) Personne ne choisit de naître puis de vivre comme il vit ou comme il souhaiterait vivre. Nous n'avons aucune emprise sur nos passions.Nous ne changeons pas, nous aggravons notre cas…" (et ce genre de joyeusetés qui me ravissent). Il y a aussi Roland Jaccard, Delfeil de Ton, David di Nota
On trouve une drôle de lettre de Jean Raine, à Monsieur le percepteur des Contributions Directes et Indirectes. ce n'est pas sans émotion que je repense à Jean Raine, croisé plusieurs fois, il y a déjà 30 ans, dans cette ville de merde, capitale du gras-double, du caca-de-taureau et du pet dans la soie.
Le long papier de Peter Sloterdijk me sera l'occasion de lire enfin ce volubile penseur, qu'on me recommande en vain depuis des années.
J'escompte bien qu'on pourra ltrouver dans ces pages quelque chose de Clément Rosset.
ce serait le comble de ne pas le voir au sommaire d'un canard ”insupportablement grave, absolument pas sérieux et irrésistiblement intelligent”.

Dernière minute :
Il semblerait que le nouveau canard de Michel Butel, L'Impossible, sorte enfin ? On va guetter ça.


Jean Raine en action


samedi 3 mars 2012

Lectures innommables (nouvelle rubrique)

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 Nouvelle rubrique : on donnera de temps en temps des pages volées à des ouvrages rares, introuvables ou bien inaperçus, tous électrisants. Sans dire, bien-sûr, quel en est l'auteur. 
Il ne s'agit pas de résoudre une énigme, mais tout bonnement de lire sans a priori. 
C'est ainsi, à l'aveugle, que l'on entend le mieux ce qu'ont lit : sans le fatras tympanisant que rameute dans la cervelle l'oblitération d'un nom propre. 
De toute façon, certains de ces noms seraient superflus, tant ils sont ignorés sous nos latitudes. Les donner reviendrait à amoindrir l'effet du texte : les inconnus inspirent méfiance. Superflus aussi les noms déjà familiers aux lecteurs sagaces, qui devineront l'auteur dès le premier coup d'œil : le leur préciser serait leur faire injure.
C'est en tout cas ainsi que j'aime le mieux lire : sans savoir qui cause. On entend alors tout de suite si il y a quelqu'un dans ce qui se dit.
Mes choix seront dictés par le beau hasard de la portée de main, de la trouvaille ou de la lubie passagère.
Je reprécise qu'il ne s'agit pas d'un jeu : je ne donnerai donc jamais "la bonne réponse".
Malgré tout, si certains lecteurs vraiment remués et devenus très curieux veulent à tout prix savoir, pour s'en procurer en quantité déraisonnable, je consentirai peut-être, selon comme je suis luné, à cafeter (en courrier mail privé) le nom de l'inconnu. On me conseille de faire payer ce petit service de l'"à tout prix savoir".  Ce sera donc à la tête du client ?
L. W.-O.

Gaffe : les pages d'aujourd'hui ne se suivent pas, chaque petit "poème" est autonome.

jeudi 1 mars 2012

Cahier du jour

Mon Cahier du jour, 1962, par L. W.-O. © / click to enlarge

Mon Cahier du jour, 1963, par L. W.-O. © / click to enlarge

Mon Cahier du jour, 1963, par L. W.-O. © / click to enlarge


Peu de différence entre mes premiers cahiers du jour, d'il y a cinquante ans, et ce blog : même astreinte quasi quotidienne, qui me trouve rétif; même forme : sous la date, la belle image du rédacteur, suivie de lignes improvisées au dernier moment à toute bringue ou copiées avec des fautes; des couleurs criardes et des cochoncetés; et parfois des commentaires (en l'occurrence de feue Madame Tardy, institutrice sublime (parfumée, maquillée, d'une élégance anglaise qui, cul-terreux, m'impressionnait) et si patiente avec ma tête de bourrique, qui lui revenait mieux que celle des autres : jamais elle ne me dénonça ou gronda quand je lui maraudais toutes ses fraises, framboises et autres cerises, mais son bic voyait rouge devant le culot de ma très mauvaise volonté en matière de progrès scolaire : j'aurais dû lui expliquer que j'avais déjà appris à écrire, tout seul, mais avec une machine-à-écrire.)
L. W.-O.