Cahiers et machine d'André Dhôtel |
Il y a déjà au moins quinze ans, j'ai habité un temps au hameau de Roche, à cinquante mètres de l'ancienne ferme des Rimbaud. Je faisais les courses à Attigny et buvais l'apéro en terrasse, sur la place où on est frôlé par les tracteurs, les brinquebalants chargements de paille et les moissonneuses-batteuses gigantesques.
Un jour, j'ai acheté chez le buraliste tout son stock de vieux cahiers de brouillon. "Je ne vous demande pas ce que vous allez en faire" m'a lancé avec un clin d'oeil le commerçant qui était bien curieux du contraire. Il me précisa que depuis la mort d'André Dhôtel, il n'en avait plus vendu un seul, puisqu'avant il n'en vendait jamais qu'à lui et du reste n'en commandait que pour lui. En me faisant une sorte de paquet dans du papier-journal, il ajouta : "Ça lui aurait fait bien plaisir à Monsieur Dhôtel. Ah pour sûr ! c'est qu'il aimait pas gaspiller."
Depuis, je les ai toujours, ses vieux cahiers vierges, bien jaunis. Je viens de retomber dessus, derrière ses livres (que je possède quasi tous). Je n'avais jamais osé les utiliser. Maintenant je vais les lire.
Si André Dhôtel savait ça (mais il va lire ce billet aux Élysées), il hausserait les épaules.
L.W.-O.
Video ci-dessous :
André Dhôtel chez lui,
interrogé par P. A. Boutang