samedi 23 avril 2011

PAUSE JUSQU'AU 2 MAI

Ce blog fait une pause jusqu'au 2 mai.
Comme ses lecteurs, le rédacteur a bien mérité de souffler un peu, 
loin de sa station cybernétique.
Au retour on passera la vitesse supérieure.
Merci à tous.

L. W.-O.

vendredi 22 avril 2011

Trou à rats


Les commentateurs "anonymes" (que pour ma part j'appelle "rats de blog " et extermine à la chevrotine comme dans la cave de mon pépé) sont comme ces minables lubriques, effrayés par les femmes, qui fréquentent les fameux "Glory Hole" des sex-shop, qui enfilent dans un trou leur organe misérable pour se faire masturber sans montrer leur sale gueule de vieux puceaux, car ils n'ont même pas le courage de se branler eux-mêmes.
En introduisant leur pensée sans consistance par le trou des commentaires des blogs les plus fréquentés et en y émettant quelques gouttes d'arguments poisseux, ces commentateurs innommables pensent vraiment qu'ils sont à la hauteur et la ramènent comme des caïds. 
Ils ne vont se soulager que dans des blogs très lus ou animés par un irréductible qui ne mâche pas ses mots.
Dans ces défouloirs de choix, leur pollution anonyme éclabousse du monde ni vu ni connu. Voilà ce qui les fait reluire, à leurs seuls propres yeux, car les vrais lecteurs, eux, ne s'y trompent pas et détournent pudiquement le regard.
Les commentaires de blog sont l'équivalent cybernétique du vintage "courrier des lecteurs".
À ceci près que, dans les canards, on sait bien que le courrier des lecteurs est en général rédigé par un journaliste, ce qui garantit d'ailleurs qu'il soit la rubrique la plus lue.

L. W. O.



Le vengeur sans masque



Frédéric Schiffter a ouvert voici quelques mois un blog qui est vite devenu, à juste titre, l'un des plus courus. Ses imparables billets de pistolero ne ratent jamais leur cible.  Ses propos y sont aussi singuliers  et féroces que ses livres et sont portés  comme eux par  une joyeuse immoralité qui entend ouvertement "rire des cons et de leurs alliés". Le cas est si rare sur la toile, sinon quasi unique en son genre, qu'aussitôt attirés les rats de blogs s'y sont précipités, planqués dans l'anonymat de leurs commentaires, pour, comme des cons qu'ils sont, clamer leur irritation et leur indignation. Le webmaster a fini par faire cependant le tri et tel l'impitoyable visagiste de boite de nuit s'est mis à refouler du monde. 
En annonçant ce matin une nouvelle rubrique qui fera certainement fureur,  Remarquable riquiqui, il annonce la couleur dans d'irrésistibles Prolégomènes à une casuistique du Riquiqui.  Nul ne sera épargné et ne peut exclure d'y être épinglé. Peut-être même m'y retrouverai-je en bonne place, puisqu'il promet la raclée à certains blogueurs prétentieux.
Il n'en fallait pas plus pour attirer de nouveau la horde, un peu calmée depuis la pause de son feuilleton cruel contre Guy Debord. Cela promet donc. Cette galerie de portraits de champions du señoritisme, par son exclusivité remarquable sur la toile de par chez nous devrait augmenter encore la mauvaise réputation  de ce "philosophe sans qualité" et la visibilité  de son blog. Il attirera encore plus de grotesques indignés mais aussi de lecteurs ravis que quelque part, sur cette morne toile, un impitoyable vengeur sévisse. Sans masque, lui.
L. W.-O.

jeudi 21 avril 2011

Parution : "Le Paquebot magnifique", de Joël Roussiez



Film ci-dessus : AU PIGEON BLANC, 
rencontre avec Joël Roussiez par L. W.-O.


Après Nous et nos troupeaux et Voyage biographique, Joël Roussiez vient de publier Un Paquebot magnifique aux Éditions de La Rumeur libre. On reviendra bientôt ici et dans la revue La Main de singe sur ce livre inclassable, d'une grande force et d'une revigorante singularité. Joël Roussiez est l'un des auteurs d'aujourd'hui qui me réjouit le plus : de combien de contemporains puis-je en dire autant ? Ce nouveau livre imprévisible excitera, espérons-le, la curiosité des lecteurs de grand goût, à qui on ne la fait pas. La discrétion  de Roussiez l'honore. Il se tient loin de l'actualité littéraire et du tintouin gueulard, chez lui, quelque part en Bretagne, dans sa baraque  isolée du Pigeon Blanc, après avoir longtemps vécu à Vienne en Autriche. Sans aucun souci débile de carrière ni de se faire une place dans la tête des cons, il a publié depuis trente ans de nombreux récits chez des éditeurs exigeants, Le Tout sur le tout et Le Temps qu'il fait, avant de trouver dernièrement à La Rumeur libre un nouvel éditeur attentif.
Je profite donc de la parution du Paquebot Magnifique pour donner à voir un petit film tourné chez lui, en été, voici déjà quatre ans, où je l'ai débusqué dans son potager, sans trop lui demander son avis. (Tant pis s'il me bute en représailles de cette indiscrétion).
Thomas Bernhard disait à peu près que l'œuvre et la vie ne doivent faire qu'un sinon il n'y a rien.
L. W.-O.



Joël Roussiez par L. W.-O. ©, 2007 / click to enlarge

Ainsi qu'il en est… 
par Joël Roussiez 
(texte inédit)

La vie allait comme s'il sonnait des cloches, tristes mais d'une grande beauté et, sur ce fond, s'improvisait une mélodie complexe qui se simplifiait par ce qu'on aurait pu appeler « ce procédé ». On marchait dans des territoires boueux, en plaine hongroise si l'on veut, à la fin de l'hiver droit devant où le ciel changeant ne cessait de nous tirer. Ô, point de soucis pour nos pieds et nos bottes, tant pis pour les pluies, voici venir le temps de demain et le soleil resplendissant! On marchait dans une plaine silencieuse où des vaches paissaient entre des flaques d'eau brillante; le monde jetait quelque lueur subtile qui vibrait sous le timbre de cloches...
Soudain, nous avions chaud; nous étions venus par la jungle avec les flambeaux qui éloignent les tigres. Et maintenant comme le pilon d'une cloche, nous frappions de la tête l'air humide et lourd qui nous étourdissait. Et soudain encore, ainsi réveillés comme de jeunes cabris, nos yeux clignotaient et l'on sentait le battement de notre sang qui résonnait dans nos poitrines... Et les cloches toujours, nous emmenaient marchant dans notre robe de bure ou bien nos grands manteaux dans la plaine sans fin avec, tout au loin, le mouvement des nuages dispersés qu'arrosait le soleil généreux. Notre marche restait comme un convoi de troupes lourdes et silencieuses car les événements, dans leur succession magnifique, pénétraient en nous et nous alourdissaient d'une chose charnelle et molle qui n'était pas faite de mélancolie mais de volupté; notre marche restait lourde car nous étions très attentifs à ce qui venait, prêts à subir la jouissance, disposés donc à l'accueil dans ce jardin luxuriant où les fruits très mûrs tombaient et doucement dans l'humus s'enfonçaient. Il nous venait à la bouche des viscosités de miel, de datte et de loukoum... L'après-midi, on sonnait au loin le glas d'un mort inconnu ou bien l'appel à l'office ténébreux des moines; et nous avions chaud du monde qui venait vers nous et qui semblait s'épanouir en nous sans rejeter le triste, sans rejeter la joie...
Et tout au long des chemins chauds de l'après-midi, lorsque notre tête tournait de tout ce que nous avions vu, ces cloches incitaient à ralentir et nous baissaient les yeux sur les vies infimes des insectes besogneux que l'appétit conduit parmi les feuilles sèches et les herbes vertes. Les voici qui s'affairent autour d'une goutte brillante puis, du sommet d'un brin d'herbe qui oscille, les voilà qui hésitent devant: c'est un astre étrange qui peut être brûlant... Et puis sous leur bourdon, ces cloches nous reprenaient: voici l'herbe rase d'un pré qui nous accueille, voici l'insurmontable haie de ronces qui nous repousse; qu'il en soit ainsi, nous avons dans nos poches un peu de riz tout cru et des dattes très mûres...
Le temps était un peu gris et la poussière couvrait nos pieds nus sur le chemin souple qui nous conduisait au jardin. La porte était ouverte et aussitôt entrés, l'humidité chaude enrobait nos mouvements. Nous marchions dans l'humus tiède et nous sentions ces caresses légères sur le visage et sur les jambes; beaucoup tombaient le haut de leur vêtement pour en sentir les grâces... Le monde était plein de grâces, sans exagération aucune sous d'insolites harmonies aux timbres très ténus qui accompagnaient le balancement des cloches, allant et revenant avec la régularité des horloges à battant ... « Oui, les choses reviennent » et nous revenions d'un petit voyage dans nos maisons. « Je cherche à me comprendre dedans et puis dehors » déclare-t-on en rentrant et l'on tombe le manteau lourd pour se chauffer les mains à l'âtre qui pétille. Dans la marmite, bout la pauvre soupe et l'on y glisse un morceau de lard maigre qu'on a rapporté. Ô, joyeux sont les enfants qui jouent sur le devant de la maison. J'entends encore ma mère: « ne vas pas salir ton surcot! »... « Je cherche à me comprendre » déclare-t-on en rentrant par l'allée du jardin et l'on dépose des fleurs accompagnés de fruits sur le marbre où bruit la fontaine. Dans le plat, reposent les poissons, « j'apporte les olives et le vinaigre frais »; silencieuse est la maison dans l'après-midi où dort encore ma mère...
Et puis voici demain et les chemins, il nous sonne des cloches aux tempes et les harmoniques qui les accompagnent affinent notre voyage. Nous ne sommes pas chargés mais remplis cependant d'hier et d'aujourd'hui qui nous font des sacs légers. Nous voici donc hier dérivant en plaine et en jardin sur les eaux abordant un port; on nous accueille dans la joie ou bien l'hostilité. Et voici aujourd'hui le ciel qui enveloppe avec un peu de vent nos défroques que nous avons prises amples à la manière de voiles. Demain, viendront peut-être les hautes montagnes de neige et de silence ou celles rugueuses du Pamir, les palmes des déserts ou celles fécondes des jardins, demain, nous battons la mesure des cloches pas à pas et poursuivons la marche; le monde se donne à nous sans consistance puis nous roule dedans à la manière des bousiers: qu'il en soit ainsi.

Joël Roussiez © mars 2011
On trouvera sur La Main de singe 
un autre texte inédit de Joël Roussiez, 
ainsi qu'une bibliographie :

mercredi 20 avril 2011

Le blog idéal

Le blog idéal ne devrait comporter qu'un seul message perpétuel à l'intention de ses visiteurs,  sans un mot, se contentant de cette image suffisamment éloquente, laquelle peut également servir, du même coup, de commentaire idéal de la part de chaque visiteur  :

 

IMAGES CHOC / 2

Click to enlarge

Contre le Plan-Épargne Logement.

jeudi 14 avril 2011

" À un masque "

Le Marquis de l'Orée, portrait imaginaire par L. W.-O. ©, 2011/ click to enlarge

" Culotté beau
Sentant
le tabac, l'homme,
creusant
d'admirables bots

Il va à ses heures
à l'orée du bois
pleurer

la gamine perdue. "

Gaston Chaissac, À un masque
in Hippobosque au bocage, Gallimard

On retrouvera Le Marquis de l'Orée et Gaston Chaissac 
très bientôt dans la nouvelle série "papier" de La Main de singe.

mercredi 13 avril 2011

La frangine subtile

Voici des choses déjà bien connues, mais juste pour le plaisir, car on ne s'en lassera jamais, en ce monde où on se lasse d'avance de presque tout.
L. W.-O.









Extraits de Arletty ou la liberté d'être, de Christian Gilles, 
un épatant ouvrage paru en 2000 à L'Harmattan

Cliquer sur les extraits pour mieux lire

"Le malheur est que je ne suis pas du tout acteur, or c'est ce que vous me demandez, le plus aimablement du monde, je ne suis qu'ouvrier, je n'ai affaire qu'aux choses, papier, crayon, et pas aux hommes. C'est un autre métier, tout autre! je suis désastreux en scène, je n'ai rien à y faire ! 
J'ai entendu Arletty, Michel Simon, lire les chapitres de tel ou tel livre, je les trouvais admirables… à leur place je me faisais lyncher… tout à fait d'autres aptitudes… "

Louis-Ferdinand Céline, lettre à Jean Guénot, 
22 janvier 1960, in Lettres, Gallimard / Pléïade
 

De la diffamation considérée comme un des beaux-arts


Encore un rat de blog qui s'estime diffamé par mes vacheries sur Onfray et sa secte d'ahuris !
Décidément c'est trop d'honneur. (Je ne passe pas en ligne son commentaire anonyme, ni ceux de blasés qui eux, sous des pseudos aussi cons qu'opaques (sacré Thierry Roland par exemple !), ont tenu à me dire que j'étais aussi taré que le camp d'en face, tandis qu'ils comptent les points avec lassitude et mépris et le prennent de haut, s'estimant au-dessus de ce genre de match.)

J'espère qu'après un long procès retransmis en direct, où je serai défendu, comme G'bagbo, par Verges et Roland Dumas, je serai décapité Place de l'Hotel de Ville par Delanoë en personne aux manettes, tandis que cent mille citoyens vengeurs feront dreliner la sonnette de leur Vélib.
Mes roustons et mes oreilles de macaque seront offerts saignants et encore pilpatants à Onfray.
Je ferai don de ma bite de King Kong à Christine Angot comme parure de stylo, de mon scalp au bouddhiste Matthieu Riccard comme moumoute.
J'exige que mes poumons noirs de carbone soient cloués comme une chauve-souris au-dessus du bureau de la Bachelot, que mes yeux servent de boules de Geisha à Ségolène Royal, et que le reste de mon anatomie soit débité en abattis nourrissants aux Restos du Cœur.
Je lègue toute ma paperasse à Fourniret.
Je souhaite que ma bibliothèque soit installée dans le loft du prochain Secret Story, et que ma cervelle serve de prototype pour mouler le ballon de la prochain Coupe du Monde de football.
Quant à ma tête vide j'exige qu'elle soit recyclée en urne funéraire pour recueillir les cendres de Cioran et soit plantée au top du Panthéon.
L. W.-O.

Mon pied où je pense…

Les pieds du singe, par L. Watt-Owen ©, 2009 / click to enlarge

Sous le lèche-cul se cache bien mal le faux-cul, et sous le faux-cul le mouille-cul.
L. W.-O.

mardi 12 avril 2011

"Certains ne sont jamais seuls…"


" Certains ne sont jamais seuls, ils sont toujours accompagnés de leur connerie ! "
Arletty

lundi 11 avril 2011

Michel Onfray, l'Ami Public N°1


 RÉPONSE AUX RATS DE BLOG


La semaine dernière, j'ai mis en ligne un virulent "billet" qui "sigrolait" (comme on disait dans mes montagnes) Michel Onfray et surtout son public et ses lecteurs. Il m'attira illico des commentaires et des courriers indignés : en gros, selon eux, je n'étais qu'une saloperie publiant des saloperies, et sur ce point je ne leur donne pas tort, j'en suis même assez fier. Ce billet était ignoble d'après ces âmes sensibles aussi outrées que j'avais été outrancier, et aussi caricaturales que je les avais caricaturées.
Cela aussi je l'admets bien volontiers, et j'ajoute même que j'étais resté dans les limites de la politesse et de la courtoisie, car en réalité je suis mille fois plus ignoble, une ordure dans toute sa splendeur.
Toutefois je récuse le qualificatif de "méchant" : la méchanceté, j'en suis tout autant incapable que la bonté. Je ne suis pas méchant, je suis cruel, autrement dit irréfutable. J'ai un goût immodéré pour la pure vacherie. La vacherie pour le fun. Et en l'occurrence, je me contrefous royalement d'Onfray et de ses adeptes hallucinés : lui je ne le lis pas, et eux je les emmerde.
D'autres commentateurs vertueux m'ont demandé pour qui je me prenais, ou, variante : qui j'étais, moi, pour oser attaquer Onfray et ses disciples ? "Vous n'êtes personne, même pas un écrivain ! Où est votre œuvre pour vous en prendre ainsi à celle d'Onfray ?".  On m'a même fait miroiter un chouette chantage : ou je retirais ce billet, ou j'allais devoir en répondre devant les tribunaux, n'importe quel auditeur ou lecteur d'Onfray pouvant se sentir diffamé et se trouvant de fait en droit de se considérer victime de mes propos.
J'en passe et des meilleures… Brèfle…
Et voilà-t-il pas que dès le lendemain l'immonde billet n'était plus en ligne !
Ce serait-il donc que j'aurais plié devant les menaces, sinon même fait amende honorable ?
Je ne voudrais pas laisser croire à ces zozos qu'ils peuvent crier victoire.
Seule une malencontreuse boulette de manipulation est la cause de ce retrait.
Et le truc étant perdu il me fallait tout le retaper, en grande partie de mémoire, car je ne fais jamais aucun brouillon.
Fort heureusement je suis hypermnésique, pathologie souvent bien utile, et dopé au magnésium et au saucisson de montagne j'ai retrouvé une vitalité suffisante pour vaincre ma paresse naturelle.

Je redonne donc, augmenté de ces réflexions, le fameux billet, dans toute sa splendeur de saloperie.
En revanche je ne donne pas les commentaires : car ils sont anonymes. Ce sont œuvre de ce que j'appelle "rats de blogs".
Qu'est-ce qu'un rat de blog ?
C'est une répugnante bestiole qui s'introduit dans les sites des autres via les commentaires et laisse ses puants excréments sans le courage d'y planter sa carte de visite. C'est un courageux défenseur de la vertu qui n'a toutefois pas le courage de signer. C'est une grande gueule qui se défile. C'est un parasite cybernétique qui ne dit pas son nom. C'est un froussard au trouillomètre dans le rouge. 
Moi qui suis bien fier de n'être personne et ne me prends pas pour un écrivain, on sait où me joindre, je montre ma gueule, et mes sobriquets sont transparents. Je ne redoute sur cette terre que la maladie et les médecins. Je persiste donc, et je signe.

Ces chevaliers blancs de la tolérance, qui me rappellent vertement à son usage obligatoire, sont comme tous les adeptes de cette fumisterie : pas plus intolérant qu'un militant de la tolérance ! Quant à leur gourou Onfray, question tolérance, il n'a pas de leçons à donner. Il ne supporte pas la moindre contradiction. Et  que je sache il ne mâche pas ses mots pour dégommer ceux qui se trouvent en travers de son raisonnement.

Quant à moi, j'affirme mon intolérance. Pire même : je la cultive. Je passe ma vie à éviter ce qui me répugne d'instinct. C'est tout un art. Car ce qui m'insupporte est partout.

Irriter les irritables, indigner les indignables, faire gémir les plaignants, botter le cul des accroupis, emmerder les emmerdeurs, etc… : c'est pour moi une belle jubilation.
Et je constate à mon grand dam que peu d'idiots dans mon genre se consacrent à ce sport de haute catégorie sur la toile "littéraire" "française" (oh ces deux atroces adjectifs !). Et que je suis moi-même bien assagi et mesuré sur ce blog la plupart du temps. Sans doute vais-je en profiter un peu plus. C'est un grand honneur que de se faire des ennemis alors que le ouèbe semble tout entier conçu pour se faire des amis.

Pour être outrancier et intolérant, je n'en suis pas moins attentif aux bémols que peuvent exprimer des auteurs et des blogueurs dont je suis le lecteur réjoui. C'est ainsi que je prends pour moi (même si ce n'est dans doute pas le cas) ce qu'écrit Éric Chevillard dans son billet du mardi 5 avril, n°1200 de son Autofictif que je lis tous les jours depuis le n°1 :

" Nous tombons sur le râble des écrivains médiocres que le succès couronne malgré tout. C'est injuste. Ils n'ont rien fait en somme qu'écrire médiocrement en faisant de leur mieux, les malheureux. C'est leur succès qui nous consterne. Ils payent alors pour leurs lecteurs malavisés dont nous ne pouvons pourtant savonner une à une les trois cent ou cinq cent mille frimousses. "

Un blogueur, anonyme lui-aussi, m'a envoyé le commentaire suivant :

" Mais qu'est-ce qu'il t'a donc fait l'Onfray ? Et cette noble dame qui prenait la défense de l'outragé et s'indignait ? Qu'est-ce que t'es méchant, quand tu t'y mets… Moi j'aimerais bien lire la lettre de la noble dame en question… Et qu'on les laisse vivre, non ? Ils n'ont fait de mal à personne… L'Onfray, il fait son Onfray, toi tu le conchies, la noble dame le défend, moi je m'en fous, chacun défend sa (non) place ridicule dans le cosmos, non ?"

Je le remercie et lui réponds par ce mot de Talleyrand, cité par Clément Rosset :
" À un solliciteur éconduit par Talleyrand, qui se plaignait en disant " Il faut tout de même bien que je vive ! " Talleyrand aurait répondu par ces mots aussi atroces qu'irréfutables : "Personnellement je n'en vois pas la nécessité. "

J'ajoute à son intention que je ne tolère pas, sur la toile comme dans la vie, l'usage du tutoiement. Je ne le supporte pas de la part de ceux que je fréquente avec joie, comme je ne saurais l'admettre de la part d'un(e) inconnu(e) anonyme Il ne m'étonnerait pas que dans les rangs de cette partouze  ou plutôt de ce gang-bang verbal que sont les cours d'Onfray, les adeptes se tutoient automatiquement. Ce qui ajoute encore à ma répugnance.


MICHEL ONFRAY, L'AMI PUBLIC N°1


La légende veut que Michel Onfray se soit fait allumer par tout le monde à l'occasion de son pamphlet contre Freud. N'est pas un martyr qui veut : cet ami public numéro un aura beau faire, il ne sera jamais l'ennemi public numéro un. Il joue à guichets fermés et pourrait remplir le stade de France, bourrer Bercy comme Bigard, dont il est le pendant philosophique et l'exact contemporain : c'est donc à ce bouddhiste sarkoziste qu'on comparera ce nietzschéen libertaire, car on ne peut le ranger que dans la catégorie des humoristes dont ce pays est friand. Le traiter de philosophe serait aussi grotesque que lui coller sous le nez de clown une fausse moustache de Nietzsche.
Allumé par tout le monde ?
Par le gras Badiou ?
Par la mère Roudinesco ?
Par la chemise parlante BHL ?
Ah les éclatantes vieilles pétoires ! 
Arroseurs arrosés !

Soyons sérieux !
Un seul pistolero, impassible comme Lee van Cleef ou Clint Eastwood, a règlé son compte à Onfray, mettant du premier coup dans le mille de son blabla : Frédéric Schiffter. Qui compte également à son tableau de chasse cet autre blablateur comique, sosie de Coluche, Guy Debord. De philosophe digne de ce nom, dans ce pays,  je ne vois plus guère, depuis la mort de Cioran, que deux de vivants : ce  "philosophe sans qualité", que d'aucuns auraient surnommé "l'Escroc de Biarritz",  qui ne monte que sur une seule planche, de surf, et Clément Rosset. Tous deux s'imposent aussi comme les plus forts écrivains, et les plus drôles, les plus irrésistibles, les plus raffinés. Et à ceux qui ne seraient pas d'accord avec mes affirmations irréfutables, je rétorquerai comme dans la publicité pour les rillettes Bordeaux-Chesnel : " Décidément nous n'avons pas les mêmes valeurs."
L. W.-O.


LETTRE À UNE FAN DE MICHEL ONFRAY


Chère madame,

Oui j'ai bien dit ce que je vous ai dit de vive voix et que vous ne pouvez entendre.  Mais comme vous en remettez une couche par cette lettre où  vous clamez votre indignation devant ma révélation  de l'organe de cet agité, le sculptural pénis de ce cornichon mis en bocal, je vous le redis ici noir sur blanc, persistant et signant, et avec la banane, et juste pour le fun, car vous êtes aussi aveugle que sourde.

Il y a pire que Michel Onfray : ses lecteurs, son public, l'immonde élément dit "populaire" de son Université du même métal, les sinistres fans de ce charlatan, les ravis de sa secte, ces têtes-à-claques, ces incurables ahuris béats, ces derniers des cons magnétisés par ce premier de la classe, tous ces peine-à-jouir, ces puceaux et ces hystériques, éjaculateurs précoces et bonnes femmes frigides, hypnotisés par l'onanisme verbal d'un impuissant à tête de bizut, ces rayonnantes sales gueules, ces yeux crevés exorbités par l'espérance, ces affamés de culture prémâchée par un dentier et régurgitée à la becquée, ces effrayantes caricatures de la crédulité, cette classe morte, ces oreilles mortes, ces bites mortes, ces culs morts, ces cervelles mortes, ces dizaines de milliers de cadavres  persuadés de leur résurrection miraculeuse par la pédagogie d'un imposteur, brèfle…

Comme vous en êtes, chère madame,  et que je devine dans votre message outré une espèce d'appel au secours, c'est bien volontiers que je vous suggère la radicale solution à votre cas désespéré et vous recommande l'usage de ce seul tuyau efficace : le canon d'un revolver, à regarder bien en face pour voir sortir le petit oiseau. La tête est le seul point faible du zombie.

Je vous remercie de votre message menaçant  qui ne m'a nullement indigné, mais au contraire fait un bien fou, et donné l'occasion de vous pondre cette chouette réponse, dictée non par la vengeance mais par mon goût cruel pour la vacherie gratuite.

Bien à vous…

Louis Watt-Owen








samedi 9 avril 2011

Épanchement


Dans son journal de 1835, Nathaniel Hawthorne note : " Arriver, par hasard, en rêve, dans un lieu d'où l'on peut entendre les plaintes de tous les malheureux de la terre. "
Il lui suffirait aujourd'hui d'allumer la télé.
L. W.-O.

jeudi 7 avril 2011

ILLOUMINÉCHEUNES








Ce n'est pas sans honte que j'avoue m'être assis, moi aussi, l'autre jour, comme tant de gogos déjà avant moi, face à la Dream Machine de Bryon Gysin. "La première œuvre d'art qu'on regarde les yeux fermés" dit Gysin. Cette machine a surtout fait rêver ceux qui n'ont jamais eu l'occasion de la voir. Et ceux qui sont déjà bien lancés dans un trip avant d'y coller leurs paupières. 
Je n'ai pas été déçu. Au contraire, car je m'attendais à pire flop. 
Mettons que ce que j'ai vu était du même ordre, mais en moins puissant, que le psychédélisme lumineux que provoque d'ordinaire ma lubie de regarder la télévision dans le noir, de très près mais les yeux clos et le son à fond. Quant à l'effet stroboscopo-hypnotique il n'impressionnera guère quiconque a traîné en philosophe au Luna Park, ou fréquenté une boîte de nuit, même la plus minable, ou conduit en baîllant la nuit sur le périphérique ou un jour de grand soleil, sur la Nationale 7, dans ses portions platanifères.
C'est d'ailleurs, d'après la légende de ce dingo, en fermant les yeux tandis que le train ou l'autocar fonçait  en plein cagnard le long de la Côte d'Azur que Bryon Gysin eut l'illumination de ces illuminations stroboscopiques et tâcha dès lors de trouver moyen mécanique de reproduire cette expérience stupéfiante à volonté. Burroughs, bon client toujours déjà bien parti, se chargea d'en faire la réclame : il confessait se coller devant l'engin mirobolant durant des heures pour se nettoyer synapses et nerfs. (Il trouvait également éclairant de se coller pendant des heures au premier rang devant la tribune lumineuse de Ron Hubbard.)
Mais cette dream machine n'est rien d'autre que la version psychédélique et abstraite des sublimes zootropes et praxinoscopes. Je possédais, môme, un de ces joujous bluffant. J'inventais des images, pour changer un peu de la seule de ce zootrope. Puis un jour on a eu la télé.
Cela fait depuis 1967 que ces deux allumés de Burroughs et Gysin m'amusent beaucoup, car ils se sont beaucoup amusés, se permettant le pire en découpant la paperasse morte, les images mortes, le flux des paroles mortes, quasi seuls au sommet de l'Everest des déjections humaines : leur art du recyclage et du détournement a, depuis eux, fait flores. Il a inspiré par exemple le copier/coller et  plus largement, tout l'usage de l'univers cybernétique. Et leur absence de scrupules a fait planétairement jurisprudence. 
Tout est permis.
Do easy.
Le cisaillement lumineux ou verbal fut leur méthode, empruntée aux dadaïstes et américanisée : c'est le truc de la coupe sombre et de l'illusion d'optique. Les deux mômes Arthur Rimbaud et Isidore Ducasse en avaient été les inventeurs, taillant sans vergogne leur bigarré costume de poète sauvage dans les ouvrages qui s'entassaient à portée de leur main, œuvres des maîtres de l'inspiration calibrée grandiose, interminable baratin scientifique, et rébarbative prose pédagogique.
Cette lampe de chevet très vintage ne fait décidément pas d'ombre à la concurrence rayonnante de la vieille lanterne de la rue de la Vieille-Lanterne, dream machine absolue, elle, à laquelle, jadis, un rêveur d'une autre envergure, lui, se pendit en y nouant sa cravate.
L. Watt-Owen





mercredi 6 avril 2011

mardi 5 avril 2011

"Le" lecteur idéal…


À mes yeux, c'est une évidence indiscutable, je me considère comme le meilleur lecteur des auteurs que je pratique, ceux dont j'ai le grand goût comme ceux que j'exècre. En quelque sorte, je suis leur lecteur idéal, et je me félicite pour eux qu'ils soient tombés entre mes mains. Il me semble que tout lecteur digne de ce nom se doit de penser la même chose à son sujet.
L. W.-O.

… et le véritable écrivain

Le véritable écrivain, par L. Watt-Owen ©, 2010 / click to enlarge

vendredi 1 avril 2011

"La littérature comme mensonge "

Robert Crumb © / click to enlarge

" Faire de la littérature n'est pas un geste social. Elle peut trouver un public; toutefois, dans la mesure où elle est littérature, il n'en est que le destinataire provisoire. Elle est créée pour des lecteurs imprécis, à naître, destinés à ne pas naître, déjà nés et déjà morts; et même pour des lecteurs impossibles. 
À l'instar du discours des déments, il n'est pas rare qu'elle présuppose l'absence de lecteurs. En conséquence, l'écrivain éprouve quelque peine à suivre les événements; comme dans les vieilles comédies, il rit et pleure à contretemps. Ses gestes sont gauches et clandestinement exacts. Très imparfait est son dialogue avec ses contemporains. Il s'agit d'un foudroiement tardif, ses discours sont inintelligibles à beaucoup, à lui-même. Il fait allusion à des événements arrivés d'ici deux siècles ou qui arriveront trois générations avant lui. "

Giorgio Manganelli, La Littérature comme mensonge
L'Arpenteur 1991, trad. P. Di Meo


"Poisson la parole ! "


" Poisson la parole ! "

Proverbe maya

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