lundi 31 janvier 2011

Jean Louis Schefer : L'HOMME ORDINAIRE DE LA BIBLIOTHÈQUE (Archives Main de singe, 1991)








Cliquer sur chacune des trois parties du fac-similé
pour les agrandir et les lire.


Voici déjà vingt ans, pour le premier numéro de
La Main de singe (Éditions Comp'Act, mai 1991), j'avais (sous un autre sobriquet) interrogé Jean Louis Schefer sur son usage de la bibliothèque. Il avait volontiers répondu à mes questions, par écrit. Ces pages, oubliées ?, n'ont jamais été reprises depuis la parution dans la revue. Je tenais à les sauver, en en donnant ici le volatile fac-similé.


Je garde un vif souvenir des quelques fois où j'eus la chance d'être accueilli par cet homme discret, qui n'élève jamais la voix et ne force jamais le ton, dans son "atelier" panoramique qui domine les toits de Paris. Je n'oublie pas non plus son souci du destin tragique d'amis communs, comme Pierre Rottenberg (sur qui je reviendrai bientôt ici). Du "travail" de Jean Louis Schefer, je ne dirai aujourd'hui que ceci : depuis 1973, rares ont été les jours où je n'ai pas ouvert au moins un de ses livres. Cette fidélité demeure pour moi un fil rouge. De combien de ses contemporains puis-je en dire autant ?

L. W. -O.



PARUTION : Jean Louis Schefer vient de publier chez POL De quel tremblement de terre, qui fait suite à La Cause des portraits, deux singuliers récits d'une enfance, que les lecteurs d'Origine du crime et de L'Homme ordinaire du cinéma, attendaient depuis longtemps.
« La mémoire doit dérouler comme un ruban d'orgue de Barbarie un paysage à transformations, des lueurs et des silhouettes projetées par une lanterne magique qui ne sont encore rien d'un film. Tout est passé, tout est contemporain et ce que j'ai oublié c'est le moteur secret qui fait tourner cette machine. »

Sur le site de son éditeur, POL, on peut télécharger et lire de bonnes feuilles de ces ouvrages :

Video POL
Jean Louis Schefer lisant un extrait de son Chardin





Bibliographie :

Scénographie d’un tableau, Le Seuil, «Tel Quel», 1969

L’Invention du corps chrétien, Galilée, 1975

L’Homme ordinaire du cinéma, Cahiers du cinéma/Gallimard, 1980, réédité dans la Petite bibliothèque des Cahiers, 1997

Gilles Aillaud, Hazan, 1987

8, rue Juiverie, photographies de Jacqueline Salmon, CompAct, 1989

La Lumière et la Table, Maeght éditeur, 1995

Question de style, L’Harmattan, 1995

The Enigmatic Body, Cambridge University Press, 1995

Du monde et du mouvement des images, Cahiers du cinéma, 1997

Main courante, P.O.L, 1998

Figures peintes, P.O.L, 1998

Cinématographies, P.O.L, 1998

Origine du crime, P.O.L, 1998

Choses écrites, P.O.L, 1998

Goya, la dernière hypothèse, Maeght éditeur, 1998

Main courante 2, P.O.L, 1999

Lumière du Corrège, P.O.L, 1999

Questions d'art paléolithique, P.O.L, 1999

Paolo Ucello, le Déluge, P.O.L, 1999

Sommeil du Greco, P.O.L, 1999

Images mobiles, P.O.L, 1999

Main courante 3, P.O.L, 2001

Polyxène et la vierge à la robe rouge, P.O.L, 2002

Chardin, P.O.L, 2002

Une maison de peinture, ed. Enigmatic, 2004

Figures de différents caractères, P.O.L, 2005

L'Hostie profanée, P.O.L, 2007

Notre Âme est une bête féroce, POL, 2008

"Quelque chose de très simple…"



À propos de Martin Barré
On retrouve Jean Louis Schefer dans cet émouvant film d'hommage à son ami peintre Martin Barré, réalisé par Louis-Frédéric Schefer.

« La peinture est un jeu entre la règle et la subversion de la règle. (…) Par règle, j'entends celle que le peintre se crée lui-même. En principe je respecte ma règle. C'est au cours du travail que des éléments nouveaux peuvent arriver qui m'amènent à sortir de la règle et à en inventer une nouvelle, le résultat tendant vers quelque chose de très simple. La règle, ça fait partie des moyens. » Martin Barré

samedi 29 janvier 2011

"Oh ! l'heureux temps que celui de la table verte…"

La table verte, par L. Watt-Owen ©, Roche, Ardennes, juillet 2009
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" Nous étions seuls ce jour-là, tous deux appuyés sur la petite table verte. Je me souviens de ce que je vous disais, de ce que vous me répondîtes. Oh ! l'heureux temps que celui de la table verte… "
Diderot

vendredi 28 janvier 2011

Et prendre le temps de vivre ? Et ne penser à rien ?



" La non-existence est la voie.
Le matin, je me rendrai à un certain travail où personne ne me reconnaîtra. Le chef me renverra et, compréhensif envers mes frères de labeur, je retournerai dans les bois où, ravi, je me remettrai au lit. "
Note maraudée sur les terres de l'excellent Marquis de L'Orée.




Do nothing machine






J'en profite pour faire de la publicité pour un truc sans doute invendable.
Je viens de repérer chez Le Grand Os cet étrange livre-objet, qui tombe pile-poil :


Ne rien faire

Un livre d'artiste de Valeria Pasina (peintures, collages, objets…) sur un texte de Ana Tot

création : novembre 2008 / dix-huitième ouvrage de la collection Ronda Pasina   / format : 8 x 11 cm - accordéon / exemplaire unique / collection particulière    

jeudi 27 janvier 2011

Paul Léautaud : "Dire qu'il faudra partir un jour, alors que tant de gens continueront à faire l'amour !"

Paul Léautaud et son journal, en couleur !, capturé par L.W.-O.

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Paul Leautaud à Fontenay-aux-Roses - Ma-Tvideo France2


"Je hais le travail comme écrivain. Comme je hais tout ce qui fait souffrir (...). Ne vaut que ce qui est écrit d'un trait, dans le plaisir presque physique d'écrire, dans le feu de l’esprit plein de son sujet… Écrire facilement et dans le plaisir, connaissant bien son sujet, est à la fois preuve de savoir écrire et d'un cerveau qui fonctionne bien."

"J’ai toujours été fermé, comme écrivain, à l’ambition ou à l'exhibition, à la réputation, à l’enrichissement. Une seule chose a compté pour moi: le plaisir. Ce mot plaisir représente pour moi le moteur de toutes les actions humaines…"

"Dire qu'il faudra partir un jour, alors que tant de gens continueront à faire l'amour !"

Paul Léautaud


Photos ci-dessous : On comparera la vraie dernière chambre de Léautaud (révélée par Paris-Match) et la fausse reconstituée au Musée Carnavalet.




La vidéo ci-dessus reprend un extrait des fameux entretiens de Léautaud avec Robert Mallet, disponibles chez Frémeaux.

BONUS
Sur son site que je recommande vivement, Frédéric Schiffter donne une autre vidéo consacrée à Paul Léautaud à l'occasion de la sortie du beau livre de Serge Koster, Paul Léautaud tel qu'en moi-même (Leo Scheer). Extrait téléchargeable ici.


mercredi 26 janvier 2011

OPTIQUE DE L'ILLUSION

Hameau de Roche, Ardennes, par Louis Watt-Owen © 2008
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Mon optique a affiné certains ciels.
L. W.-O.

lundi 24 janvier 2011

SUBLIME CRUAUTÉ


"La promotion des grands sentiments engraisse les crapules."
Roland Topor

LIENS
Le riche site de Frantz Brillant consacré à Topor :
et ses archives sonores qui galvanisent, sur Arte Radio :
Topor Sons


TOPOR GRAPH




TOPOR 1989 ITW-1

vendredi 21 janvier 2011

jeudi 20 janvier 2011

Tenir à distance

Dessin de Robert Crumb (click to enlarge)

"Ne venez pas, ma belle amie. 
Je suis infect, et je vous empoisonnerai de mon haleine.
J'ai une belle grippe avec accompagnement de fièvre et sueurs. 
Je crache, je tousse, je mouche, etc. ! 
Il ne faut pas me voir. 
Ma Vanité en souffrirait trop."

Gustave Flaubert, à Léonie Brainne, Paris, 25 janvier 1873

lundi 10 janvier 2011

L'IMPITOYABLE ET LA PITEUSE



" Les hommes sont des créatures qui ont deux jambes et huit mains " : une des plus belles formules de l'impitoyable Jayne Mansfield, dont la cause se défend toute seule. Elle fait  cruellement mentir la piteuse défenseuse des femmes qui se défend d'être une femme,  cette vaine et vaniteuse écrivaine qui ne cesse jamais de causer en rabâchant que "dès qu'il y a une femme qui parle c'est contagieux, toutes elles parlent pareil." Ah tu parles !
L. W.-O.

PIRE À FAIRE QUE RIEN

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 Bastard Battle, photo par Louis Watt-Owen © 2008
Précision : 
À la lecture de mon billet d'hier, des aficionados de ce blog m'ont écrit pour me dire qu'ils réservaient leur place dès aujourd'hui pour ma fameuse "Conférence catastrophique"
Ils auront mal lu la date.
Si l'on m'attend encore là-bas, ce n'est plus sous l'espèce du chouette conférencier comique, mais comme un plumitif grillé d'avance à qui l'on recollera des plumes au goudron.
Car cette conférence devait être donnée le 28 mai 2008.
Et le texte en paraître dans la foulée.
Comme ceux des 4 autres auteurs invités, dont deux qui comptent tout de même à mes yeux parmi les plus forts d'aujourd'hui et constituaient une redoutable concurrence.
Or je ne voudrais pas qu'on s'imagine des choses, par exemple que, tel le dégonflé ou autre couille molle, j'ai renoncé à ferrailler contre, excusez du peu !, rien moins que Éric Chevillard et "la" Céline Minard !
Au contraire, c'est pour moi l'aubaine d'une excitante émulation. 
Un duel de haut niveau dont je relève le gant.
Moi qui viens d'habiter quinze ans dans l'ancien appartement de Lacenaire, je ne saurais laisser croire plus longtemps que je me défile, n'est-ce pas ?
Cette Conférence se donnera donc bel et bien, non plus dans la bonne ville de C. où — après avoir planté tout le monde et mes commanditaires (qui m'ont si grassement payé pour des prunes) et aussi ces intermittents du spectacle (qui s'étaient enthousiasmés d'avance pour un texte qui n'existait pas) — je risque le lynchage, mais sur la platitude du plus rude des champs d'honneur, à savoir le papier, et un public trié sur le volet sera convié, via une prochaine souscription, à assister sans sortir de chez lui à son avant-première.

L. Watt-Owen





dimanche 9 janvier 2011

PAS FAIRE MIEUX QUE RIEN

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"Il n'est pas humble, celui qui se tait."
Cioran

J'avais complètement oublié cette commande !
Trois ans de retard sur les délais. 
Je m'y mets seulement aujourd'hui.
Dare dare et avec allégresse, tenant un truc féroce désopilant que je me contenterai d'aller gueuler sur place dans un mégaphone.
On m'en voudra alors de la donner cette conférence.
Les gens ne sont jamais contents n'est-ce pas ?
Pourtant je pourrais m'abstenir de m'y mettre enfin : j'estime que je ne pouvais mieux honorer cette commande qu'en ne l'honorant pas.  
Avec un tel titre je ne pouvais pas faire mieux que rien.
Il s'agit désormais de faire pire encore.
Pour le fun.

L. Watt-Owen
 
On lira cette précision utile.



samedi 8 janvier 2011

" Lard ! sucre ! macaroni ! "



" Pour être heureux, soyez épicier, c'est tout… Strictement épicier ! Lard ! sucre ! macaroni ! c'est plus net, c'est plus honnête, le bonheur est là… "
Louis-Ferdinand Céline

vendredi 7 janvier 2011

CAP AU PIRE

Autoportrait par L. Watt-Owen © 2008, Roanne
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"Une fois passé le cap des 50 ans, on n'est plus capable de penser dans les premières heures de l'après-midi (travailler, ça oui; c'est autre chose)…"
Arno Schmidt, À la lunette
traduction Claude Riehl, 
in La Main de singe
numéro 10, février 1994

jeudi 6 janvier 2011

Montaigne dans le texte

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"Montaigne était très en colère de voir ses Essais refoulés dans le meuble vitré d'un salon et écrivit un chapitre qui força les dames à le garder dans leur boudoir."
Jonathan Swift, 
lettre du 3 février 1704 
au Révérend William Tisdall

Le mirifique Montaigne project (textes & images)

La meilleure édition de Montaigne ?

Les notes retrouvées de Flaubert sur Montaigne.

Le Plafond de Montaigne / Frédéric Schiffter

Montaigne dit par Michel Piccoli :




Bonus :  d'autres lectures piratées de Montaigne par Michel Piccoli

Jean-Pierre Marielle : "On a peur de se faire chier surtout ! Avec des cons !"


Video ci-dessus :
Jean-Pierre Marielle, interview sur TF1

Une fois n'est pas coutume, voici un peu de TF1 : pour le pur plaisir de ces quelques confidences de Jean-Pierre Marielle. Le tact, la politesse, l'élégance, la malice et toute l'émotion de ce grand bonhomme ressortent encore plus fort par contraste avec le manque de tact, d'élégance, de politesse, de malice et d'émotion du journaliste, qu'on ne blâmera pas puisque ce mufle nous donne ainsi l'occasion d'un beau moment de jubilation. Fin lecteur de Calet, Céline, Flaubert, entre autres, Jean-Pierre Marielle révèle ainsi, sans aucune pose, sans vanité ni grandiloquence, à l'occasion de la sortie de son livre autobiographique Le Grand n'importe quoi, qu'il est un auteur comme il en existe si peu aujourd'hui dans ce pays qui compte désormais 30 millions de graphomanes se prenant si sérieusement pour des écrivains.

On ne manquera pas ce bonus : Jean-Pierre Marielle en son jardin.

samedi 1 janvier 2011

"Soyez heureux, tout va mal !"


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"Soyez heureux, tout va mal !"
photo par Louis Watt-Owen  
© août 2009

À ceux qui voient ce que je veux dire, je souhaite ce que je me souhaite : "être heureux malgré tout" comme dit l'autre.
 À ceux qui ne voient pas ce que je veux dire, je souhaite de devenir aussi virils que Michel Onfray…

…ou aussi baisantes que Virginie Despentes.