mercredi 21 septembre 2016

Beckett et son canard



Sam Beckett lisant le journal — capturé par L. Watt-Owen 


"L'autre jour, j'ai aperçu dans une allée secondaire du Luxembourg, Beckett, qui lisait un journal à peu près comme ferait un de ses personnages. Il était là sur une chaise, l'air absorbé et absent. L'air un peu malade aussi. Je n'ai pas osé l'aborder. Quoi lui dire ? Je l'aime beaucoup, mais il vaut mieux que nous ne nous parlions pas. Il est si discret ! Or la conversation exige un minimum de laisser-aller et de cabotinage. Elle est un jeu ; or Sam en est incapable. Tout chez lui trahit l'homme du monologue muet. "
Cioran, Cahiers

3 commentaires:

kwarkito a dit…

cela me rappelle ce livre d'André bernold "l'amitié de beckett", où il raconte des rendez-vous passés en terrasse par exemple, sans échanger un mot...

Louis Watt-Owen a dit…

Cher Kwartiko,
Ah oui, le Bernold !
Moi aussi, j'en ai passé du temps, en terrasse, avec le Bernold : pas pu en placer une, jamais ! On racontera ça un de ces jours : les mygales dans les poches, le noir chat de Deleuze que je lui ai volé, les lunettes de soudeur, la danse de Saint-Guy, etc… etc… Quand j'aurai le temps, hein ! Parce que le Bernold hein ! L'amitié de Bernold hein ! Mais je ne suis effectivement pas Beckett pour deux ronds, et l'addition était toujours moi, n'est-ce pas ! Sacré Bernold !
L. Watt-Owen

kwarkito a dit…

Je ne connais rien d'André Bernold excepté son livre. J'avais été touché que Bernard Pautrat que j'avais connu quand il officiait comme dramaturge sur quelques spectacles en fût le dédicataire. Quoiqu'il en soit, selon votre description, il m'a tout l'air d'un sacré loustic comme on disait autrefois, bien loin de l'image que je m'en faisais à la lecture de son livre. Je le supposais taciturne et réservé lui aussi.