Mort de Robert Walser, 25 décembre 1956 |
Jaune-noir devant moi dans la neige luit
un chemin qui se perd sous les arbres.
C'est le soir, et lourd
est l'air imbibé de couleurs.
Les arbres sous lesquels je marche
ont des branches comme des mains d'enfants ;
elles implorent sans fin,
si douces, quand je suspends mon pas.
Jardins et haies au loin
brûlent dans un obscur fouillis,
et le ciel embrasé voit, figé de peur,
les mains d'enfants qui se lèvent.
Robert Walser, Abend, in Poèmes, Éditions Zoé ©
2 commentaires:
Cher Louis, pour vous, avec mes voeux, cet extrait de "Devenir le poème", écrit en mars 2010 pour le catalogue de l'exposition "Habiter poétiquement le mode" au LaM : "...Valse promenade jusqu’à la mort de l’écrivain dans la neige dans les bois autour de l’hôpital. Il devint le paysage.
Il devint le poème, ayant parlé aux nuages et aux oiseaux, serré des arbres dans ses bras, réchauffé des pierres dans ses mains.
Il se remémorait ses voies d’errance pour écrire au crayon de bois, des milliers de microgrammes au dos des notices de médicaments.
Aujourd’hui, il est désincarné. On a construit des nichoirs pour les oiseaux de la forêt, petites charpentes dans les ormes, charmes, chênes pédonculés.
On a raconté son trip en lien avec l’arpentage du voisinage. Le Conseil Général a planté un panneau « Zone de fauchage tardif ».
...
L Suel
C'était y a plus d'un an sur le Blog à BiBi :
"A Berne, au cœur de la vieille ville, l’écrivain suisse que Walter Benjamin, Kafka, Zweig, Sebald, Jelinek ont d’emblée admiré a désormais son Centre. Sur l’œuvre de celui qui voulait n’être qu’un « joli zéro tout rond » est entrepris un gros travail d’archivage, de conservation, de déchiffrage de ses proses, d’acquisition de documents encore en mains privées. Des bénévoles assurent l’accueil au Robert Walser Zentrum (Marktgasse 45, Berne). Comment ignorer celui qui resta enfermé à l’asile de la Waldau puis à celui de Herisau de 1929 au 25 décembre 1956 ? Pour caractériser ses travaux, il avait griffonné : « Il me plaît de comparer mes petites proses à de petites danseuses qui dansent jusqu’à ce qu’elles soient totalement usées et s’écroulent de fatigue».
A bibientôt ou à demain (de Singe).
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