vendredi 3 juin 2011

L'abominable Georges Bataille






Je retrouve par hasard dans mes paperasses cette réponse que j'avais faite, il y aura bientôt dix ans, à l'animatrice d'une nouvelle revue  d'"avant-garde" qui sollicitait ma participation à un dossier "Georges Bataille" devant inaugurer son premier numéro. Je n'ai jamais su si cette revue a finalement vu le jour, et n'ai jamais cherché à le savoir. Je n'ai jamais non plus reçu de réponse à ma réponse. L. W.-O.

Chère Madame,
Je ne saurais accepter votre proposition de collaborer à votre projet de revue consacré à Georges Bataille.
D'abord parce que de ma vie je n'ai jamais accepté ni sollicité de collaborer à aucune autre revue que les miennes ou celles qui me comptaient dans leur rédaction.
Par ailleurs, puisque vous me demandez un témoignage "vécu" de mes rencontres avec lui, où êtes-vous allée chercher que j'aurais jadis connu Georges Bataille ? J'ai certes croisé sur ma route  tant d'écrivains, et des bien grotesques, mais au moins je n'aurai jamais fréquenté celui-ci et mon honneur est sauf. Que je sache, j'avais cinq ans en 1962 quand il a rendu à Dieu l'âme dont il se croyait doté en plus de son anus solaire.
Vous aurez compris que j'ai en aversion cet abominable Georges Bataille. La seule évocation de son nom me donne la nausée, car il sent l'urine, le caca, l'eau bénite, le cimetière et le rat. 
 De plus, Georges Bataille m'apparaît comme un auteur verbeux, ampoulé, mielleux, embarrassé, un amphigourique phrasibuleur dont les formules creuses n'impressionnent que les têtes de nœud ("Je pense comme une fille enlève sa robe" ou encore la oiseuse distinction entre "communication au sens fort" et "communication au sens faible."). Ses romans me répugnent, son érotisme de vieux puceau lubrique me répugne, sa gueule même me répugne, comme celle, onctueuse, d'un prêtre onaniste sous la soutane. Sa grandiloquence est au pinacle dans ses vers. Son nietzschéisme de bisuté d'internat, son humour de pétomane sous les draps, ses étreintes de cimetière, la branlette dans le ciboire, ses façons d'auvergnat  couperosé qui se la joue gentleman british, ses manières de chattemite, ses poses bossues de bibliothécaire aux doigts urineux et ongles noirs, qui rêve de se faire sodomiser par un éclair — décidément, il a tout pour plaire, comme disait ma mémé !
 Sa formule la plus célèbre suffirait à elle seule à me le rendre antipathique :"A quoi bon un roman auquel son auteur n'a pas été contraint ?" La fameuse contrainte à laquelle devrait être acculé un auteur de commettre un livre qui se pose là, comme un étron en somme, qu'il n'a pas pu retenir. Cette nécessité-là relève de ce que l'excellent Leibniz appelait déjà scribendi cacæthes. C'est la grosse commission fumante dans le confessionnal, qui soulage certes son auteur mais ne soulève en moi que répulsion. C'est le truc puant, dans lequel je ne marche pas, de la littérature qui ne se prend pas pour de la merde.
 Dans ces conditions vous admettrez avec soulagement chère Madame qu'il vaille mieux que je ne collabore pas à votre revue…

8 commentaires:

Marcello Rompivetro a dit…

récitation :

vint un triste jour où je voula lire georges
triste jour! triste jour!

mon oeil pleurut d'ennui
par le trou dla serrure
georges, ce voyant, y fouta son zobe

j'eus bien de la douleur et fus fort subverti
si je ne m'abuse, georges y est encore

Zobie la Mouche a dit…

Dieu qu'il est chiant ce Jojo ! Fort bien torché votre portrait ! Bravo (vous êtes bien le seul à lui règler son compte)
Zobie la Mouche

Lord Auch a dit…

We are not amused by that bougnat…
Lord Auch

Libellule a dit…

Il me semble bien que c'est l'un des maitres à penser d'Onfray ? Ils m'écœurent tous les deux ! On s'amuse bien en revanche sur votre blog…
Libellule

Blind Horse a dit…

Peut-être que, finalement, ce blog n'est pas fréquenté par des gens aussi intelligents qu'on aurait pu l'espérer...

Louis Watt-Owen a dit…

Cher Blind Horse,
C'est ce que je me disais en lisant votre commentaire où, "rat de blog" anonyme déguisé en cheval, vous insultez les lecteurs de ce blog. Si vous aviez un vrai courage, vous m'insulteriez moi, en argumentant votre passion pour Georges Bataille, et en signant. Nul ne vous oblige à venir vous farcir ce que vous estimez être ma connerie. Il existe un milliard de blogs où vous pouvez aller batifoler sans être indisposé. Et si vous aimez tant que cela Bataille, que venez-vous perdre votre temps ici, plutôt que d'aller vous tremper le cul dans une assiette de lait ou vous délecter de couilles de taureau bien au chaud dans votre bon goût ?
L. W.-O.

C.C. a dit…

"On peut ignorer les livres de Bataille, on ne peut, les ayant lus, ne pas consentir au fait que leur existence modifie quelques enjeux d'importance pour la pensée, pour la poésie. Du moins tant que l'une et l'autre ne seront pas éteintes par la consommation culturelle." (Bernard Noël, préface à "L'Archangélique et autres poèmes", Poésie/Gallimard, 2008)
On peut ignorer les jugements de Bernard Noël, etc., etc.

Anonyme a dit…

Je crois qu'en lisant cette lettre, Georgie Boy aurait ri. Sans ironie.