Ayant eu vent de la reprise de publication "papier" de mon canard, nombreux sont les poètes et auteurs qui m'ont envoyé de leur propre initiative, par mail, des textes. Je n'ai rien contre ces sollicitations, qui ne m'étonnent pas, d'autant plus que je donne en ligne mon adresse mail. Toutefois je n'ai jamais lancé d'appel à contribution : j'entends publier fort peu de contemporains et c'est moi qui les choisis et leur passe commande. Du reste le choix de mon casting est fait depuis longtemps déjà. Qu'on ne croit pas pour autant que j'affiche du mépris pour les auteurs qui m'envoient des textes. Parmi eux il s'en est même trouvé un ou deux dont je me félicite de l'initiative et dont j'ai été ravi au point de leur dire oui. Il est plus aisé d'accueillir que d'éconduire. Mais un revuiste comme tout éditeur doit surtout savoir dire non. Et son refus ne préjuge en rien de la qualité des pages qu'on lui propose. Il en va seulement de son goût et de ses lubies, forcément arbitraires et injustes. Tout refus standardisé, par exemple sous forme de lettre type, est une immonde muflerie. Il faut savoir franchement dire non, sans non plus s'abaisser à s'expliquer ou s'en excuser, mais un courrier personnel et singulier me semble la moindre des choses.
En témoigne cet échange de mails récents, que je publie ci-dessous. Car je n'ai rien à cacher en la matière. Je mettrai bientôt en ligne d'autres lettres de refus. Je commence ici par la plus soft. Bien-sûr je ne donnerai pas les noms de ces correspondants, qui sont souvent des lecteurs réguliers de ce blog et se reconnaîtront. Je ne mets pas en ligne ces mails pour me moquer d'eux : tout au contraire pour qu'on me surprenne moi en flagrant délit de jouer au revuiste sérieux et sûr de son goût, en pauvre type qui juge du travail des autres et ne lésine pas sur la vacherie sans vergogne. La sportivité de certains correspondants a provoqué chez moi une réelle estime à leur égard.
J'ajoute que, pour ma part, je n'ai jamais eu à essuyer de refus de qui que ce soit : de toute ma vie je n'ai jamais tiré aucune sonnette, jamais envoyé le moindre manuscrit à un éditeur ou à une revue. (C'est tout au contraire moi qui envoie sur les roses les éditeurs qui me sollicitent. Mais c'est une autre histoire.)
L'humiliation qu'on me dise non, je ne l'ai jamais connue.
Ce qui augmente l'estime que j'ai pour ceux de mes solliciteurs que j'éconduis sans ménagement.
À leur place, sans doute irais-je assassiner le fumier qui me recâlerait.
En témoigne cet échange de mails récents, que je publie ci-dessous. Car je n'ai rien à cacher en la matière. Je mettrai bientôt en ligne d'autres lettres de refus. Je commence ici par la plus soft. Bien-sûr je ne donnerai pas les noms de ces correspondants, qui sont souvent des lecteurs réguliers de ce blog et se reconnaîtront. Je ne mets pas en ligne ces mails pour me moquer d'eux : tout au contraire pour qu'on me surprenne moi en flagrant délit de jouer au revuiste sérieux et sûr de son goût, en pauvre type qui juge du travail des autres et ne lésine pas sur la vacherie sans vergogne. La sportivité de certains correspondants a provoqué chez moi une réelle estime à leur égard.
J'ajoute que, pour ma part, je n'ai jamais eu à essuyer de refus de qui que ce soit : de toute ma vie je n'ai jamais tiré aucune sonnette, jamais envoyé le moindre manuscrit à un éditeur ou à une revue. (C'est tout au contraire moi qui envoie sur les roses les éditeurs qui me sollicitent. Mais c'est une autre histoire.)
L'humiliation qu'on me dise non, je ne l'ai jamais connue.
Ce qui augmente l'estime que j'ai pour ceux de mes solliciteurs que j'éconduis sans ménagement.
À leur place, sans doute irais-je assassiner le fumier qui me recâlerait.
L. Watt-Owen
Mail reçu le 19 avril 2011 :
Bonjour,
quand doit reprendre la revue?
Comment proposer des poèmes? Directement via mail?
Cordialement
quand doit reprendre la revue?
Comment proposer des poèmes? Directement via mail?
Cordialement
X
Réponse du 20 avril 2011 :
Cher Monsieur,
La brièveté de votre message vous fait honneur : au moins vous ne me lèchez pas le postérieur ou les godasses, vous !
Mais elle dit clairement qu'il vous semble naturel de publier dans une revue dont vous n'avez jamais pu lire un numéro puisque sa parution n'a pas encore repris et peut-être ne reprendra jamais.
Elle trahit aussi un irrépressible besoin de publier qui, lui, met un hénaurme et sonore bémol à l'éventuelle qualité de vos productions poétiques.
Productions poétiques dont je ne saurais juger et vous dire quoi que ce soit puisque votre pièce jointe est dans un format que mon ordinateur ne peut ouvrir, et tant mieux car rien ne me garantit qu'une saloperie de virus ne s'en serve de cheval de Troie.
Je ne crois pas avoir fait appel à des textes sur mon site.
Et votre initiative de m'en envoyer de votre propre chef se fracasse ainsi toute seule sur le blindage inviolable de mon inintérêt radical.
Vous avez tort en sus de vous présenter avec la candeur du poète pour toute carte de visite.
Il se trouve, vous êtes bien mal tombé !, que j'éxècre les poètes et la poésie.
Il y en a quelque chose comme trente millions dans ce charmant pays, des poètes.
Et tous trouvent moyen d'être publiés, ne serait-ce que par leurs soins.
Vous vous êtes trompé d'adresse, sans doute par étourderie ou empressement, à moins que mon adresse mail ne fasse partie d'une vaste mailing liste de revues auxquelles vous proposez les mêmes pages avec la force de frappe des spams.
Ne vous en prenez qu'à vous et tant pis si vous m'en voulez.
Maudissez-moi tant que vous voudrez, peut-être alors reconnaitrez-vous que j'ai au moins cela de bon : servir de revigorant vecteur d'indignation.
Vous voilà donc, à défaut d'être lu et publié par moi, remonté et dopé à peu de frais.
Malgré tout si votre intéret pour ma revue n'était pas feint, vous pourrez toujours le satisfaire et le concrétiser en en achetant en ligne les numéros dès qu'ils paraîtront, si jamais ils paraîssent un beau jour.
Je vous les garantis d'avance sublimes.
Appréciez tout de même que je me sois fendu rien que pour vous d'un si éloquent message de réponse.
Tout le monde n'aura pas ma délicatesse.
Je suis une belle saloperie mais pas un mufle.
Cordialement,
--
La brièveté de votre message vous fait honneur : au moins vous ne me lèchez pas le postérieur ou les godasses, vous !
Mais elle dit clairement qu'il vous semble naturel de publier dans une revue dont vous n'avez jamais pu lire un numéro puisque sa parution n'a pas encore repris et peut-être ne reprendra jamais.
Elle trahit aussi un irrépressible besoin de publier qui, lui, met un hénaurme et sonore bémol à l'éventuelle qualité de vos productions poétiques.
Productions poétiques dont je ne saurais juger et vous dire quoi que ce soit puisque votre pièce jointe est dans un format que mon ordinateur ne peut ouvrir, et tant mieux car rien ne me garantit qu'une saloperie de virus ne s'en serve de cheval de Troie.
Je ne crois pas avoir fait appel à des textes sur mon site.
Et votre initiative de m'en envoyer de votre propre chef se fracasse ainsi toute seule sur le blindage inviolable de mon inintérêt radical.
Vous avez tort en sus de vous présenter avec la candeur du poète pour toute carte de visite.
Il se trouve, vous êtes bien mal tombé !, que j'éxècre les poètes et la poésie.
Il y en a quelque chose comme trente millions dans ce charmant pays, des poètes.
Et tous trouvent moyen d'être publiés, ne serait-ce que par leurs soins.
Vous vous êtes trompé d'adresse, sans doute par étourderie ou empressement, à moins que mon adresse mail ne fasse partie d'une vaste mailing liste de revues auxquelles vous proposez les mêmes pages avec la force de frappe des spams.
Ne vous en prenez qu'à vous et tant pis si vous m'en voulez.
Maudissez-moi tant que vous voudrez, peut-être alors reconnaitrez-vous que j'ai au moins cela de bon : servir de revigorant vecteur d'indignation.
Vous voilà donc, à défaut d'être lu et publié par moi, remonté et dopé à peu de frais.
Malgré tout si votre intéret pour ma revue n'était pas feint, vous pourrez toujours le satisfaire et le concrétiser en en achetant en ligne les numéros dès qu'ils paraîtront, si jamais ils paraîssent un beau jour.
Je vous les garantis d'avance sublimes.
Appréciez tout de même que je me sois fendu rien que pour vous d'un si éloquent message de réponse.
Tout le monde n'aura pas ma délicatesse.
Je suis une belle saloperie mais pas un mufle.
Cordialement,
--
L. Watt-Owen
3 commentaires:
Cher Maître,
Nous sommes aux mois d'amour ; j'ai presque dix-sept ans. L'âge des espérances et des chimères, comme on dit, - et voici que je me suis mis, enfant touché par le doigt de la Muse, - pardon si c'est banal, - à dire mes bonnes croyances, mes espérances, mes sensations, toutes ces choses des poètes - moi j'appelle cela du printemps.
Que si je vous envoie quelques-uns de ces vers, - et cela en passant par Alph. Lemerre, le bon éditeur, - c'est que j'aime tous les poètes, tous les bons Parnassiens, - puisque le poète est un Parnassien, - épris de la beauté idéale ; c'est que j'aime en vous, bien naïvement, un descendant de Ronsard, un frère de nos maîtres de 1830, un vrai romantique, un vrai poète. Voilà pourquoi, - c'est bête, n'est-ce pas, mais enfin ?...
Dans deux ans, dans un an peut-être, n'est-ce pas, je serai à Paris. - Anch'io, messieurs du journal, je serai Parnassien ! - Je ne sais ce que j'ai là... qui veut monter... - Je jure, cher maître, d'adorer toujours les deux déesses, Muse et Liberté.
Ne faites pas trop la moue en lisant ces vers... Vous me rendriez fou de joie et d'espérance, si vous vouliez, cher Maître, faire faire à la pièce Credo in unam une petite place entre les Parnassiens...Je viendrais à la dernière série du Parnasse : cela ferait le Credo des poètes !... - Ambition ! ô Folle !
Cher Arthur Rimbaud,
Je ne ne doute pas un instant bien-sûr que vous soyez le véritable Arthur Rimbaud, qui a été tant imité piteusement.J'ai d'autant plus d'estime pour vous que je aais que vous allez bientôt cesser de faire le poète qui se la pète.
En revanche, comment dois-je encaisser que vous me preniez pour le pénible Théodore de Banville, c'est à dire pour un con ?
Gare, poète !, à votre jeune cucul que je sais très sensible, si vos souliers de piéton vous font passer sur le même trottoir que les miens, du 48 !
L. W.-O.
Cher L. W.-O., une citation du regretté Chamfort "La plupart des faiseurs de recueils de vers ou de bons mots ressemblent à ceux qui mangent des cerises ou des huîtres, choisissant d'abord les meilleurs et finissant par tout manger." Un rapprochement (tout contre) possible avec W. Gombrowicz...
Amicalement
L. S.
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