mercredi 28 septembre 2011

Merci Madame !


Lu dans Le Parisien ce matin !

NE LES APPELEZ-PLUS MADEMOISELLE !

Une campagne, lancée hier par des associations féministes, incite celles qui ne sont pas mariées à se faire appeler madame quand même…

Le « mademoiselle » appuyé d’un gros clin d’œil du joli cœur qui ouvre la porte, passe encore… Mais la case du formulaire qui demande aux femmes de préciser leur état civil, elles n’en peuvent plus. Alors qu’un enfant sur deux naît hors mariage aujourd’hui en France, que les femmes n’ont plus besoin de leur mari pour ouvrir un compte en banque depuis 1965 et que célibat ne rime plus depuis belle lurette avec « vieille fille », les « mademoiselles » n’en reviennent pas… de l’être encore! « Le langage est pourtant révélateur de la place que l’on donne à la femme en France », estiment les associations Osez le féminisme! et les Chiennes de garde, qui ont décidé hier avec humour, et sérieux, de s’attaquer à l’usage symbolique et coriace de ce statut de femme non mariée.

Leur campagne, lancée sur le site Internet madameoumadame.fr, vise à rappeler aux femmes de tous âges et de tous statuts qu’elles ont le droit d’être appelées « madame » à 18 ou 78 ans, y compris par la Banque postale et le Trésor public… mais surtout à obtenir l’éradication de « la case en trop » dans les formulaires de l’administration : ce « mademoiselle » qu’on demande presque toujours de cocher aux femmes non mariées, souvent associé à un « nom de jeune fille ». « Appelle-t-on un jeune homme célibataire mon damoiseau? dit en souriant Julie Muret, porte-parole d’Osez le féminisme!. Demande-t-on aux hommes s’ils sont mariés pour les abonner à une ligne téléphonique ou leur fourguer une carte de fidélité? Eh, non! Il n’y a que les femmes qu’on oblige à dévoiler cet aspect de leur vie privée. Et il n’y a quasiment qu’en France que cela perdure! »
Aucune disposition législative et réglementaire n’impose pourtant l’usage de cette civilité dans l’Hexagone. Alors… Vieux reste de galanterie à la française? Machisme hérité du Code civil napoléonien? Toujours est-il qu’ailleurs en Europe, « miss », « Fräulein » ou « señorita » sont des éventuelles formules de politesse, pas des marqueurs d’identité. Et le Danemark en a même interdit l’usage, tandis que le « mademoiselle » est considéré comme une insulte au Canada! « En France, il suffirait que le ministère de l’Intérieur modifie ses formulaires pour les papiers officiels, et ça donnerait l’impulsion », estime Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde. C’est donc à ce ministère que les associations demandent en priorité d’adresser une missive, téléchargeable sur le site Internet de la campagne. Y figurent aussi des lettres types pour faire corriger son état civil auprès de la SNCF, EDF ou la Fnac… Reste que le combat peut sembler un peu vain et cosmétique dans un pays où la parité n’est même pas respectée dans l’hémicycle. « On nous dit qu’il y a des choses plus graves et qu’il n’y a pas d’urgence, mais tous les combats féministes sont urgents », conclut Marie-Noëlle Bas. « A la rentrée, on est dans les papiers. C’est le bon moment pour changer les choses! »

Piqué dans Le Parisien

BONUS :

On lira avec grand profit et réjouissance, 
ce billet vengeur sur l'excellent blog NdSmF :

Quand les PPPIM font du bruit avec leur bouche

 

La riante perspective…


Elle est toute vue d'avance, la riante perspective ! Un gué branlant et tranchant de pierres plates et glissantes plantées dans un tsunami de merde radioactive : la voie de l'avenir est toute tracée.
L. W.-O.

mardi 27 septembre 2011

Vider l'abcès…

Topor, Le Pélican

" Le gros ennui est d'avoir les mains pleines de cole. "

Gaston Chaissac, à Robert Sollair, été 1955

"Jamais pu peindre qu'à la sauvette…"

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Ci-dessus, Gaston Chaissac par Gilles Ehrmann : "Je n’ai hélas jamais pu peindre qu’à la sauvette. Jamais tranquille, toujours harcelé. Trop resté sale, bouseux aux yeux des uns, pas assez aux yeux des autres. Et à quel prestige pourrais-je prétendre pour contribuer à ma réussite. Il est visible que j’inspire peu et même pas confiance du tout."


" Chers amis. C'est reçu cette réponse d'Avignon : "Votre travail nous a vivement intéressés, mais cherchons en ce moment des manuscrits assez long pour former un livre et nous aimerions recevoir de vous un texte plus important."
La réunion des choses contradictoires que j'ai écris, pourrait faire un livre qui ne manquerait pas d'intéret et ne passerait pas inaperçu, et serait consulté par beaucoup de gens avec profit et pourrait faire naître autre chose par d'autres, c'est dailleurs le but que je cherche à atteindre, mais prendre cette décision est une chose sérieuse et j'aimerai avoir votre opinion vos conseils.
Amitiés,
Gaston Chaissac, à Otto Freundlich et Jeanne Kosnick-Kloss, 1940

Chère Madame,
Je vais me remettre à peindre après un arrêt et je suis maintenant dans un pays où il y a un panache de fumée et un fameux. Et lorsque le petit train départemental passe ça en fait deux. Ils se disent bonjour.

Recevez, Madame, mes salutations
 
Gaston Chaissac, à Madame la Vicomtesse de C., 1er Octobre 1948


"Je fais ici, à Sainte-Florence, une importante exposition supercocasse, et la presse a déjà annoncé le vernissage qui a lieu le 19 prochain à 15 heures, sous la présidence du Dr André Chevalier, vice-président des Surindépendants de l’Ouest. Et déjà je jouis du spectacle, car c’est installé. Mon regard est plutôt attiré par le plus nouveau dans ma production, c’est-à-dire des machins faits spécialement pour cette circonstance, notamment une boîte rectangulaire dans laquelle sont entassées des guenilles multicolores, un assemblage de vieux bouts de cuir, un autre d’objets empruntés à la fumisterie. Oui, j’ai fait des emprunts à la fumisterie. Et puis j’ai des toiles encadrées de mousse à plat sur une table où sont aussi des pierres peintes, des pierres brutes assemblées, des boulets de charbon et même un de pierre, etc., et jusqu’aux débris d’une ardoise peinte cassée dans des conditions qui me restent inconnues. […] Le directeur artistique de la galerie la plus perméable n’accepterait jamais des choses pareilles. Et c’est d’autant plus du jamais vu, ça, que c’est dans une salle au plafond éventré. L’arrangement compte pour un tableau de plus. J’ai aussi emprisonné des guenilles multicolores dans un grillage. Les souches y sont aussi, bien entendu, ainsi que des détritus décorés et, pour vingt et un dessins ou gouaches, j’ai utilisé la porte vitrée et une vitrine comme cadres. A l’endroit éventré du plafond, j’ai suspendu des montants de bois sur lesquels sont fixés huit tableaux. Le tout à l’avenant, je n’ai que trente-deux choses dans des cadres réglementaires, sans compter le pas encadré du tout."
Gaston Chaissac, in NRF, n°21, septembre 1954.
 




Quand un conteur (Gérard Potier) parle d'un peintre-poète (Gaston Chaissac) from Parc Marais poitevin on Vimeo.



Gaston Chaissac, dessin au jeune Émile Gueriteau
 Lien : le site de l'Espace Gaston Chaissac à Sainte-Florence

BONUS 
Le plus excitant et le plus émouvant livre consacré à Chaissac.

Et une forte page de Chaissac, sur le blog NdSmF :
La peinture rustique moderne

samedi 24 septembre 2011

Le cruel et son double / 2

(Suite du feuilleton
Quelques nouveaux doubles 
de Clément Rosset 
capturés sur la Toile :

Clément Rosset en train d'écouter le Boléro de Ravel…

cliquer pour lire

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Lecteur japonais de Clément Rosset à Fukushima



Ci-dessus (et ci-dessous) : 
le point de vue de l'auteur de "Route de nuit".

Seriez-vous un pessimiste ?

C.R. Non. Je serais peut-être classé comme pessimiste au regard des optimistes ou de gens qui ont plus de dispositions que moi à l'utopie - à ce que j'appelle utopie et qu'ils appellent le progrès -, mais je ne me considère pas comme pessimiste dans la mesure où un pessimiste, comme Schopenhauer par exemple, est un contempteur, un homme qui décrie la vie humaine et considère que c'est un drame sans justification aucune. En ce qui me concerne, j'oppose pessimisme et tragique. Le tragique est dionysiaque et affirmateur de vie. Je ne suis donc pas un pessimiste dans le sens de Schopenhauer ou de Cioran - du moins des écrits de Cioran, car l'homme, que j'ai assez bien connu, était un peu différent de ce qu'il écrivait: c'était un homme très drôle et plein de vitalité.

A vous lire, on a en effet le sentiment d'une certaine allégresse en dépit de votre conception tragique de l'existence, voire en raison même de cette conception.

C.R. Je suis le mot de Tertullien: " Credo quia absurdum ", " Je crois parce que c'est absurde ". Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la conception tragique de la vie peut nourrir le pessimisme mais peut aussi attiser la joie de vivre, en ce que celle-ci peut entendre les raisons de condamner la vie, de maudire toutes les tristesses et les misères qui lui sont attachées, et cependant résister à toutes les raisons qui lui sont contraires. C'est une expérience ultime de la joie.

L'expérience de la dépression a-t-elle modifié en quoi que ce soit cette conception de l'existence ?

C.R. Non. C'est comme lorsque vous avez les oreillons. Je considère que la dépression est une maladie comme la grippe ou comme les oreillons, et une maladie ne peut pas remettre en cause une philosophie, à plus forte raison une philosophie qui prétend accepter toute la cruauté du monde. Dans le pire des moments, jamais je n'ai pensé: " La vie est horrible. "

Dans ces conditions, quelles leçons tirez-vous de la dépression ?

C.R. J'ai parfois imaginé que la déesse grecque qui punit l'outrecuidance des hommes avait mis le nez dans mon dossier et m'avait renvoyé ma philosophie dans la gueule pour que j'aille voir un peu ce que c'est que la douleur. J'avais toujours pensé sottement que la dépression nerveuse était un terme inventé pour exprimer une espèce de faiblesse psychologique, un manque d'énergie. Maintenant, je suis persuadé du contraire, et je l'explique dans mon livre en montrant que c'est le corps qui commande et qu'il n'y a aucune énergie à opposer aux décisions du corps dépressif. La première leçon, c'est donc que la dépression nerveuse peut arriver à tout le monde. Perdre le sens de la joie de vivre pour quelqu'un qui n'a parlé que de ça dans toute son œuvre et toute sa vie, c'est tout de même un peu vexant, mais cela prouve que personne n'est à l'abri de cet ouragan. La deuxième leçon est plutôt rassérénante, nietzschéenne: si l'on arrive, non pas à triompher de la dépression, mais à vivre avec elle, quand ça ne va pas avaler un comprimé d'anxiolytique, quand ça va encore plus mal prendre un petit verre de whisky, c'est d'une certaine façon une fortification de la joie, puisqu'elle a été capable de résister au mal et on rejoint la formule de Nietzsche: " Tout ce qui ne me tue pas me fortifie. "

Vous publiez en même temps un autre livre, Loin de moi, consacré au problème de l'identité personnelle. Y a-t-il un rapport entre les deux livres ?

C.R. Il y a bien trouble identitaire dans les deux cas, mais le problème de Loin de moi c'est d'essayer de montrer que le trouble identitaire n'implique pas que nous ayons derrière notre identité officielle, visible, et pour le dire d'un mot, sociale, une identité cachée, intime, une espèce de moi secret qui ne se révélerait à personne et même pas à moi. Je crois que cette idée d'un moi secret qui se cache derrière le moi visible est une illusion d'origine notamment romantique, comme c'est le cas chez Rousseau, et ma critique s'inscrit dans la ligne générale de ma critique de l'illusion. Si perte d'identité il y a, tant dans un livre que dans l'autre, c'est dans mon esprit toujours une perte de ce moi réel que j'appelle le moi social pour l'opposer à l'illusion ou à la fantasmagorie d'un moi intime, à ce que j'appelle la hantise du soi, comme si on était hanté par un autre moi qui serait le vrai moi. Je raconte à ce sujet dans Loin de moi une anecdote que je trouve tout à fait fascinante. C'est l'histoire d'un imprimeur qui a repris l'affaire de son père, qui est mort. Au lendemain des funérailles, il trouve une enveloppe qui porte de la main de son père la mention " à ne pas ouvrir ". Après avoir résisté six ans, il finit par violer le secret, et dans l'enveloppe il trouve trois cents petites étiquettes destinées à la clientèle avec " à ne pas ouvrir ". Je trouve que cette histoire illustre de façon saisissante la déception qu'il y a toujours à vouloir percer ce qu'on s'imagine être la personnalité secrète d'autrui, car je crois que cette personnalité secrète n'existe pas. C'est ce que j'ai voulu dire dans mon livre. D'où le titre:
Loin de moi." (…) 
Clément Rosset, extrait d'un entretien avec Jean Blain, 
dans Lire (Décembre 1999)
dont on peut lire la totalité ici.


RAPPEL :

vendredi 23 septembre 2011

Chacun pour soi

Le hublot, par L. W.-O. © 2011 / click to enlarge

En jetant un œil dans ce terne miroir-hublot, j'aperçois, collée derrière la vitre, la tête ahurie d'un pauvre type tombé à la mer qui comprend que je ne peux rien pour lui. Mais avisant alors le pimpant cadre rouge accroché juste à côté, j'aperçois la tête ahurie d'un autre pauvre type, l'ami de tous les noyés, me signifiant qu'il ne peut rien pour moi.
L. W.-O.

jeudi 22 septembre 2011

Affluence à la Journée du "Diagnostic Thermique"

Plus soucieuses de Développement Durable que les hommes, ces dames étaient venues nombreuses / CLICK TO ENLARGE


"La journée d'initiation au Diagnostic Thermique a été victime de son succès : en raison de l'affluence, toutes les consultations n'ont pu être accordées. "
(Lu dans la presse)

Aux armes, citoyens !

"L’UMP veut que chaque Citoyen Français 

fasse «allégeance aux armes»…" 

 


mercredi 21 septembre 2011

Comme un con…

Ci-dessus : Nikita Mandryka, Le Type au Reuri
Comme un con, j'ai allumé mon poste à la con pour tomber sur une émission à la con destinée à des demeurés à la con, où, dans un talk-show à la con, des journalistes à la con et des pigistes à la con posaient des questions à la con à des romanciers à la con de cette rentrée à la con à propos de leurs romans à la con et ces cons de romanciers à la con y allaient avec une politesse à la con et en bafouillant des conneries à la con, de leurs réponses à la con à propos de leurs personnages à la con auxquels n'arrivent jamais que des histoires à la con racontées avec bien des manières à la con à coup de lieux communs à la con et de phrases à la con, livres à la con édités avec une incompétence à la con dans un design à la con par des éditeurs à la con et vendus dans des librairies à la con pour des lecteurs à la con animés du souci à la con d'améliorer par des lectures à la con leur vie à la con, et alors  pris d'une nausée à la con je me suis dressé dans une lubie à la con de vengeance à la con et je suis venu illico pondre ce billet à la con pour le poster sur mon blog à la con.
L. W.-O.

Raymond Queneau : Le Chant du Styrène



LE CHANT DU STYRÈNE (1957)
Film d'Alain Resnais
Texte de Raymond Queneau


O temps, suspends ton bol, ô matière plastique
D’où viens-tu ? Qui es-tu ? et qu'est-ce qui explique
Tes rares qualités ? De quoi donc es-tu fait ?
D'où donc es-tu parti? Remontons de l'objet
À ses aïeux lointains ! Qu'à l’envers se déroule
Son histoire exemplaire. En premier lieu, le moule.
Incluant la matrice, être mystérieux,
Il engendre le bol ou bien tout ce qu'on veut.
Mais le moule est lui-même inclus dans une presse
Qui injecte la pâte et conforme la pièce,
Ce qui présente donc le très grand avantage
D'avoir l'objet fini sans autre façonnage.
Le moule coûte cher; c’est un inconvénient.
On le loue il est vrai, même à ses concurrents.
Le formage sous vide est une autre façon
D'obtenir des objets : par simple aspiration.
À l'étape antérieure, soigneusement rangé,
Le matériau tiédi est en plaque extrudé.
Pour entrer dans la buse il fallait un piston
Et le manchon chauffant - ou le chauffant manchon
Auquel on fournissait — Quoi ? Le polystyrène
Vivace et turbulent qui se hâte et s'égrène.
Et l'essaim granulé sur le tamis vibrant
Fourmillait tout heureux d'un si beau colorant.
Avant d'être granule on avait été jonc,
Joncs de toutes couleurs, teintes, nuances, tons.
Ces joncs avaient été, suivant une filière,
Un boudin que sans fin une vis agglomère.
Et ce qui donnait lieu à l’agglutination ?
Des perles colorées de toutes les façons.
Et colorées comment ? Là, devint homogène
Le pigment qu'on mélange à du polystyrène.
Mais avant il fallut que le produit séchât
Et, rotativement, le produit trébucha.
À peine était-il né, notre polystyrène.
Polymère produit du plus simple styrène.
Polymérisation : ce mot, chacun le sait,
Désigne l'obtention d'un complexe élevé
De poids moléculaire. Et dans un réacteur,
Machine élémentaire œuvre d'un ingénieur,
Les molécules donc s'accrochant et se liant
En perles se formaient. Oui, mais — auparavant ?
Le styrène n'était qu'un liquide incolore
Quelque peu explosif, et non pas inodore.
Et regardez-le bien; c'est la seule occasion
Pour vous d'apercevoir ce qui est en question.
Le styrène est produit en grande quantité
À partir de l'éthyl-benzène surchauffé,
Le styrène autrefois s'extrayait du benjoin,
Provenant du styrax, arbuste indonésien.
De tuyau en tuyau ainsi nous remontons,
À travers le désert des canalisations,
Vers les produits premiers, vers la matière abstraite
Qui circulait sans fin, effective et secrète.
On lave et on distille et puis on redistille
Et ce ne sont pu là exercices de style :
L'éthylbenzène peut — et doit même éclater
Si la température atteint certain degré.
Quant à l'éthylbenzène, il provient, c'est limpide,
De la combinaison du benzène liquide
Avecque l'éthylène, une simple vapeur.
Ethylène et benzène ont pour générateurs
Soit charbon, soit pétrole, ou pétrole ou charbon.
Pour faire l'autre et l'un l'un et l'autre sont bons.
On pourrait repartir sur ces nouvelles pistes
Et rechercher pourquoi et l'autre et l'un existent.
Le pétrole vient-il de masses de poissons ?
On ne le sait pas trop ni d'où vient le charbon.
Le pétrole vient-il du plancton en gésine ?
Question controversée... obscures origines...
Et pétrole et charbon s'en allaient en fumée
Quand le chimiste vint qui eut l'heureuse idée
De rendre ces nuées solides et d'en faire
D'innombrables objets au but utilitaire.
En matériaux nouveaux ces obscurs résidus
Sont ainsi transformés. Il en est d'inconnus
Qui attendent encor la mutation chimique 
Pour mériter enfin la vente à prix unique.

Raymond Queneau

mardi 20 septembre 2011

Cadavres exquis


Serge Gainsbourg : "La petite mouche à merde a mis les bouchées doubles…"

Ayant fini d'éplucher dans le journal le trop court Carnet du Jour des Avis de Décès et ne me sentant pas encore rassasié, j'eus la belle surprise de trouver au verso la copieuse liste des auteurs de la rentrée…
L. W.-O.

Cadavres Exquis from chinz on Vimeo.

"Nous sommes cela, nous autres, des vidangeurs…"

Autoportrait dans l'égout de Croisset par L. W.-O. © , Croisset, 2008 / click to enlarge

« Qui sait à quels sucs d'excréments nous devons le parfum des roses et la saveur des melons ? A-t-on compté tout ce qu'il faut de bassesses contemplées pour constituer une grandeur d'âme ? tout ce qu'il faut avoir avalé de miasmes écoeurants, subi de chagrins, enduré de supplices pour écrire une bonne page ? Nous sommes cela, nous autres, des vidangeurs et des jardiniers. Nous tirons des putréfactions de l'humanité des délectations pour elle-même. Nous faisons pousser des bannettes de fleurs sur ses misères étalées.
Le Fait se distille dans la Forme et monte en haut, comme un pur encens de l'Esprit vers l'Eternel, l'immuable, l'absolu, l'idéal. »

Gustave Flaubert

Magnétique de l'écriture



« Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière. […] C’est pour cela qu’il n’y a ni beaux ni vilains sujets et qu’on pourrait presque établir comme axiome, en se plaçant au point de vue de l’Art pur, qu’il n’y en a aucun, le style étant à lui seul une manière absolue de voir les choses. »
Gustave Flaubert, À Louise Colet, 16 janvier 1852

lundi 19 septembre 2011

Le cruel et son double

Capture d'écran du compte Facebook de Clément Rosset / Click to enlarge

On n'imagine pas Clément Rosset s'ouvrant un compte Facebook ! S'il ne s'agit pas non plus du compte d'un parfait sosie d'autant plus troublant qu'en plus il porterait le même nom (le malicieux hasard a parfois de ces fantaisies !), il faut donc en conclure soit une opération du Saint-Esprit (ce qui semble assez peu probable mais  pas non plus inenvisageable puisque l'inexistence dudit Esprit Saint n'a, à ma connaissance, pas plus été prouvée jusque-là que son existence), soit  qu'un lecteur fanatique au point de se croire tout permis ait créé ce profil, avec la bonne conscience immonde de s'imaginer œuvrer, dans son dos et en son nom !, pour le bien de Clément Rosset. Son pire lecteur, donc.
Certainement pas un idiot : mais encore un de ces dingues qui croit avoir des semblables et bat le rappel des troupes déguisé en son idole.
L'absence de discussion dans le forum de ce compte fantôme devrait toutefois réjouir le "vrai" Clément Rosset, si tant est qu'existe vraiment quelque part un "vrai" Clément Rosset, ce drôle de specimen humain réjouissant en diable et donc unique en son genre, autrement dit trop beau pour être vrai. Je ne le lis jamais sans me pincer, car jamais  sans rire. Je n'en crois pas mes yeux, depuis plus de trente ans que je le lis tous les jours, qu'un tel gaillard existe bel et bien. Et pan sur le bec cloué des fans de son réseau social fantôme !
L. W.-O.

RAPPEL
Tous les billets de La Main de singe évoquant Clément Rosset

QUATRE VIDEOS "ROSSETIENNES"
de Rafael Monroy (Mexique)









vendredi 16 septembre 2011

Skydome

SKYDOME par L. W.-O. ©, juillet 2011, Tours / click to enlarge
SKYDOME par L. W.-O. ©, juillet 2011, Tours / click to enlarge

lundi 12 septembre 2011

Rupture de la chaine du froid







"Icy est le confin de la mer glaciale, sur laquelle feut, au commencement de l’hyver dernier passé, grosse et félonne bataille entre les Arismapiens et les Nephelibates. Lors gelèrent en l’air les parolles et crys des hommes et femmes, les chaplis des masses, les hurtys des harnaoys, des bardes, les hannissements des chevaulx et tout aultre effroy de combat. A ceste heure, la rigueur de l’hyver passée, advenente la sérénité et tempérie du bon temps, elles fondent et sont ouyes."

Rabelais, Quart Livre


BONUS
On peut entendre les paroles gelées ici

dimanche 11 septembre 2011

Boire le bouillon ?



" Quand on est dans la merde jusqu'au cou, 
il ne reste plus qu'à chanter."
Samuel Beckett

samedi 10 septembre 2011

KIF KIF BOURRICOT


"Vous m'avez parfaitement compris !" répondit Clément Rosset à des étudiants d'Oxford qui, à l'issue d'une conférence, étaient venus lui demander : "Mais au fond, ce que vous appelez joie de vivre, ce ne serait pas tout simplement ce que nous, les jeunes, on appelle… le cul ?!?"
L. W.-O.
Rappel : Clément Rosset dans La Main de singe

vendredi 9 septembre 2011

" MacFatum, vieux babouin, est bienheureux, ma foi ! "









" C'est à Paris, à la fin de 1939 ou au début de 1940, alors que j'étais terrassé par une attaque de névralgie intercostale, que je sentis la première petite palpitation de Lolita. Autant qu'il m'en souvienne, ce frisson avant-coureur fut déclenché, je ne sais trop comment, par la lecture d'un article de journal relatant qu'un savant avait réussi, après des mois d'efforts, à faire esquisser un dessin par un grand singe du Jardin des Plantes; ce fusain, le premier qui eût été exécuté par un animal, représentait les barreaux de la cage de la pauvre bête. Il n'y avait aucun lien défini entre le choc que je ressentis alors et les pensées qu'il mit en branle; celles-ci néanmoins se traduisirent par une nouvelle d'une trentaine de pages, qui fut le prototype de Lolita."
Vladimir Nabokov, À propos de Lolita, 12 novembre 1956

Rappel : un chouette lot de vidéos nabokoviennes 
dans les archives de notre TV Singe

jeudi 8 septembre 2011

En avoir ou pas / 6

 
L'AMOUR EST  DANS LE PRÉ 
(suite du feuilleton piqué dans Le Dauphiné Libéré)

HAUTES-ALPES 

La mariée avait été huée à la mairie 

Marcel A. aurait dit : 

"Je ne voulais pas me marier, ils sont venus me chercher !"

Où est passé Marcel A.? Depuis son mariage célébré sous les huées du public samedi après-midi à Puy-Saint-Pierre, l'agriculteur à la retraite de 67 ans est introuvable. "Tout le monde le cherche, moi compris" fait savoir Jean-Marius Barnéoud, le maire de cette commune des Hautes-Alpes accolée à Briançon. L'inquiétude du premier magistrat fait écho à celle de la population locale qui s'était déplacée en nombre samedi pour conspuer la mariée, Sandrine D., 42 ans, agent immobilier en région parisienne, à qui les villageois reprochent de s'être acoquinée hâtivement du "vieux garçon" propriétaire de plusieurs biens immobiliers et fonciers au pied de la station de ski de Serre Chevalier où le prix du mètre carré bâti atteint 3500 euros.
"Nous sommes ses amis, ses voisins et nous ne pouvons supporter de le voir se faire rouler dans la farine par un agent immobilier assoiffé par l'appât du gain. D'où nos sifflements car ce mariage n'aurait pas dû avoir lieu" estime un groupe de soutien à Marcel A. dans le Dauphiné Libéré. Le groupe s'est donné pour nom "Les donneurs de noms d'oiseau", en référence aux insultes qui ont fusé dans la salle des mariages.
Tous gardent un goût amer des terribles phrases qu'aurait prononcées Marcel A. sur le perron de la mairie, quelques minutes seulement après avoir co-signé le registre des mariages avec la belle Sandrine. "Je ne voulais pas me marier. Je n'ai pas eu le choix. Ils sont venus me chercher". Des propos que le maire de la commune dit avoir clairement entendus lui aussi. "On a forcé Marcel à se marier avec cette femme qui est elle-même manipulée. Il y a des gens qui ont fait pression sur elle et qui l'ont envoyée dans le Briançonnais pour épouser ce pauvre Marcel. Elle n'est pas seule dans cette histoire".

Shoot'em up !





" Toujours le mot de Stendhal à Mérimée en le voyant étudier encore à un certain âge : Il ne s'agit plus de passer votre temps à viser. Vous êtes sur le champ de bataille. Il faut tirer ! "

Paul Léautaud, Journal Littéraire
Mercredi 10 janvier 1923


RAPPEL

Paul Léautaud et W.-S.  Burroughs dans La Main de singe


En avoir ou pas / 5





" Tirer un coup, Dédé, jamais ne ramollira le bazar. "
Général de Gaulle (à André Malraux)

mercredi 7 septembre 2011

En avoir ou pas / 4



L'AMOUR EST DANS LE PRÉ

Piqué dans Le Dauphiné Libéré :

 

Sandrine D., 42 ans, agent immobilier à Paris a épousé Marcel A., 67 ans, agriculteur à la retraite, propriétaire de nombreux biens immobiliers et d'emprises foncières dans le Briançonnais.

Marcel et Sandrine sont mariés depuis samedi après-midi. Le maire de Puy-Saint-Pierre, commune attenante à Briançon (Hautes-Alpes) a célébré cette union. Non sans difficulté. A plusieurs reprises, le premier magistrat du village a demandé le silence dans la salle des mariages car il ne parvenait pas à entendre l'échange de consentement.
Et ce ne sont pas les applaudissements qui ont couvert les "oui" réciproques mais les sifflets. Des noms d'oiseaux ont volé, principalement à destination de la mariée, Sandrine D., 42 ans, agent immobilier à Paris et qu'il convient désormais d'appeler Sandrine A. depuis qu'elle a co-signé le registre des mariages avec Marcel A., 67 ans, agriculteur à la retraite, propriétaire de nombreux biens immobiliers et d'emprises foncières dans le Briançonnais.
A la demande du maire de Puy-Saint-Pierre, Jean-Marius Barnéoud, cette union a fait l'objet d'une enquête judiciaire mais "à partir du moment où il n'y a aucun doute sur les intentions matrimoniales de part et d'autre, il n'y a pas de raison valable pour s'opposer à un mariage" observe le procureur de la République de Gap, Du coup, les deux époux ont pu convoler en justes noces, sous le regard médusé des habitants de Puy-Saint-Pierre. Et comme le veut la tradition, ils se sont embrassés.
Piqué dans Le Dauphiné Libéré 

En avoir ou pas / 3


Piqué sur la toile :

Arnold Schwarzenegger : « Je vais faire des films, écrire des livres… C'est  la décision la plus difficile que j’ai prise depuis mon épilation en 1978 ! »

Après avoir été bodybuilder, acteur puis gouverneur, le célèbre Governator de Californie va devoir s’inventer une quatrième vie. Pas si simple pour celui que le monde entier a pu découvrir dans la peau de Conan le Barbare. Il l’a récemment confié à Moscou aux micros des journalistes : « Il y a plusieurs options. Je pense que je vais faire des films ou écrire des livres. C'est  la décision la plus difficile que j’ai prise depuis mon épilation en 1978 !».

Piqué sur la toile