mardi 27 septembre 2011

"Jamais pu peindre qu'à la sauvette…"

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Ci-dessus, Gaston Chaissac par Gilles Ehrmann : "Je n’ai hélas jamais pu peindre qu’à la sauvette. Jamais tranquille, toujours harcelé. Trop resté sale, bouseux aux yeux des uns, pas assez aux yeux des autres. Et à quel prestige pourrais-je prétendre pour contribuer à ma réussite. Il est visible que j’inspire peu et même pas confiance du tout."


" Chers amis. C'est reçu cette réponse d'Avignon : "Votre travail nous a vivement intéressés, mais cherchons en ce moment des manuscrits assez long pour former un livre et nous aimerions recevoir de vous un texte plus important."
La réunion des choses contradictoires que j'ai écris, pourrait faire un livre qui ne manquerait pas d'intéret et ne passerait pas inaperçu, et serait consulté par beaucoup de gens avec profit et pourrait faire naître autre chose par d'autres, c'est dailleurs le but que je cherche à atteindre, mais prendre cette décision est une chose sérieuse et j'aimerai avoir votre opinion vos conseils.
Amitiés,
Gaston Chaissac, à Otto Freundlich et Jeanne Kosnick-Kloss, 1940

Chère Madame,
Je vais me remettre à peindre après un arrêt et je suis maintenant dans un pays où il y a un panache de fumée et un fameux. Et lorsque le petit train départemental passe ça en fait deux. Ils se disent bonjour.

Recevez, Madame, mes salutations
 
Gaston Chaissac, à Madame la Vicomtesse de C., 1er Octobre 1948


"Je fais ici, à Sainte-Florence, une importante exposition supercocasse, et la presse a déjà annoncé le vernissage qui a lieu le 19 prochain à 15 heures, sous la présidence du Dr André Chevalier, vice-président des Surindépendants de l’Ouest. Et déjà je jouis du spectacle, car c’est installé. Mon regard est plutôt attiré par le plus nouveau dans ma production, c’est-à-dire des machins faits spécialement pour cette circonstance, notamment une boîte rectangulaire dans laquelle sont entassées des guenilles multicolores, un assemblage de vieux bouts de cuir, un autre d’objets empruntés à la fumisterie. Oui, j’ai fait des emprunts à la fumisterie. Et puis j’ai des toiles encadrées de mousse à plat sur une table où sont aussi des pierres peintes, des pierres brutes assemblées, des boulets de charbon et même un de pierre, etc., et jusqu’aux débris d’une ardoise peinte cassée dans des conditions qui me restent inconnues. […] Le directeur artistique de la galerie la plus perméable n’accepterait jamais des choses pareilles. Et c’est d’autant plus du jamais vu, ça, que c’est dans une salle au plafond éventré. L’arrangement compte pour un tableau de plus. J’ai aussi emprisonné des guenilles multicolores dans un grillage. Les souches y sont aussi, bien entendu, ainsi que des détritus décorés et, pour vingt et un dessins ou gouaches, j’ai utilisé la porte vitrée et une vitrine comme cadres. A l’endroit éventré du plafond, j’ai suspendu des montants de bois sur lesquels sont fixés huit tableaux. Le tout à l’avenant, je n’ai que trente-deux choses dans des cadres réglementaires, sans compter le pas encadré du tout."
Gaston Chaissac, in NRF, n°21, septembre 1954.
 




Quand un conteur (Gérard Potier) parle d'un peintre-poète (Gaston Chaissac) from Parc Marais poitevin on Vimeo.



Gaston Chaissac, dessin au jeune Émile Gueriteau
 Lien : le site de l'Espace Gaston Chaissac à Sainte-Florence

BONUS 
Le plus excitant et le plus émouvant livre consacré à Chaissac.

Et une forte page de Chaissac, sur le blog NdSmF :
La peinture rustique moderne

2 commentaires:

V. a dit…

Merci ! c'est trop chouette tout ça.

Louis Watt-Owen a dit…

Chère V.,

Merci de votre signe, qui me fait penser soudain avoir oublié de mettre un lien vers votre bel extrait de Chaissac il y a peu de jours.
Je le rajoute donc après coup avec plaisir.

En 1968, j'eus la chance incroyable de pouvoir visiter l'expo Chaissac du Musée de Lyon. Il y avait aussi un mince catalogue vert pistache, avec entre autres une belle chronique de Benjamin Péret.
Et surtout les pages fameuses que vous citez, et qui émeuvent bien fort. Et provoquent du même coup salutaire afflux de joie !
Je n'ai jamais oublié ces lignes, et je les relis bien souvent dans ce catalogue que je possède toujours précieusement. Les rustiques-modernes dans mon genre ont puissante gratitude pour Gaston Chaissac, que tant d'amis indélicats, de spéculateurs condescendants et de jobards admiratifs ont, à la fin, tout à fait "rendu chocolat", et si triste.

Merci encore à vous,
L. W.-O.