lundi 9 novembre 2015

Divergences et convergences (à propos d'Arno Schmidt et Thomas Bernhard)

Reading two books par William Wegman © 1971



Lire d'un œil le Goethe se mheurt de Thomas Bernhard et, en même temps, de l'autre le Goethe et un de ses admirateurs d'Arno Schmidt : ce périlleux exercice oculaire et mental, serais-je le seul à le pratiquer ? D'autant qu'à sa difficulté s'ajoute cette incompatibilité : si rares sont les aficionados de ces deux auteurs à la fois. Et qui dira jamais si Thomas Bernhard et Arno Schmidt, ces deux contemporains majeurs de langue allemande (le premier plus jeune que le second d'une quinzaine d'années) furent chacun, même pour pester, lecteur de l'autre ? À ma connaissance on ne trouve aucune trace ni preuve qu'ils aient eu curiosité réciproque. 
Pourtant ils ne purent s'ignorer puisqu'ils défrayèrent la chronique et tombèrent à bras raccourcis sur les autres écrivains de leur époque, vomirent sans ménagement l'un l'Autriche, l'autre l'Allemagne
Au-delà des incompatibilités, l'aficionado des deux olibrius aperçoit nombre de troublantes convergences. Je recommande au féru schmidtien ignorant de Bernhard d'aller lire Dans les hauteurs, il aura des surprises ! Et je recommande au toqué de Bernhard qui se contrefout d'Arno Schmidt de lire son Discours de réception du Prix Goethe : lui aussi sera bien troublé. Alors l'un et l'autre réviseront-ils peut-être l'exclusivité toute névrotique de leur goût ?!?
Ah si un beau jour, on retrouvait dans leurs archives des pages posthumes de Bernhard à propos de Schmidt et de Schmidt à propos de Bernhard, où ils s'étrillent sans ménagement ! (Car on ne saurait imaginer qu'ils se fassent des courbettes !)
Je rêve d'un mince et féroce volume où seraient réunis (tête bêche !) un Schmidt se mheurt par Thomas Bernhard et un Bernhard et l'un de ses exécrateurs par Arno Schmidt !

L. W.-O.

1 commentaire:

J2L a dit…

Ne vous reste plus qu'à l'écrire ce féroce volume si je comprends bien.