Visite du plombier. Il n'écoute rien de ce que je dis des lavabos et tuyauteries qui déconnent car il est halluciné par le nombre de livres, il n'en croit pas ses yeux, il n'en a jamais vu autant et se demande quel siphonné peut bien vivre dans un tel antre. Il n'a qu'une hâte : faire machine-arrière. Oublier ce qu'il a vu. Mais il reste planté-là, fasciné.
L. W.-O.
5 commentaires:
Pour la peine, ce bon vieil Hank lui aurait refilé un tuyau pour la 5e...
C'est drôle, et le gif de Duane Michals EST parfait
N'était-il pas étonné de l'absence du volume des Essais de Montaigne ?
Ah cher Frédéric !
Je redoutais qu'il s'aperçoive de la chose, ma réputation allait être faite chez les plombiers ! Je transgouttais à grosses pires !
Mais c'est plutôt la présence d'un livre d'Onfray dans la poubelle qui l'a interloqué :
"Onfray, Onfray… Ça me dit quelque chose ça ! ! Vous savez que dans la plomberie on appelle un "Onfray" un robinet incontinent qui fuit à gros bouillon ?!? "
Puis il remarqua le rayon Cioran, qui croulait sous les volumes.
"C'est comme ce Cioran, dans le métier on ne peut pas le souffrir ! Pensez ! Il était connu comme le loup blanc ! Un type qui réparait tout lui-même ! Si tout le monde était comme lui, toute la profession serait coulée. On les appelle comme ça, un "Cioran", les types qui refusent d'appeler un artisan par radinerie ou parce qu'ils se croient compétents ! Ça désespérait sa femme, parce qu'en fait il bousillait tout et c'était pire après qu'avant ! et quand elle appelait un vrai plombier pour de grosses fuites, il le mettait dehors sans ménagement. Vous au moins vous n'êtes pas un "Cioran"."
En partant, alors qu'il était déjà engagé vers l'ascenseur, le plombier s'est retourné et m'a dit : "Vous savez, ce Cioran, d'après des collègues normands, il paraitrait qu'il avait trouvé le moyen de vidanger l'océan ! Du haut des falaises de Dieppe, où il se tenait toute la sainte journée, il avait repéré la bonde secrète ! Heureusement qu'il est mort avant ! C'était un sacré terroriste ce gars-là !."
L. W.-O.
Cette histoire me rappelle un film que je n'ai jamais pu retrouver (ni en DVD, ni "rin de rin"),
où un jeune écrivain déposait un manuscrit sur le bureau d'un éditeur (absent).
Un laveur de carreaux, perché sur son échelle double, descendait pour jeter un oeil sur
le manuscrit. Remonté sur l'échelle, oubliant son travail, il dévorait le manuscrit qu'il
tenait à la main et l'on assistait dans le même temps à la lente dégradation de la pièce,
les murs partaient en lambeaux, les plafonds s'écroulaient, la poussière envahissait
l'espace...métaphore du régime en pleine décrépitude...
Le titre du film : "Les Montagnes bleues" était aussi celui du roman.
Réalisateur : Elgar Chenguelaia. (Géorgien, je crois.)
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