samedi 12 mars 2016

Du sommet de ma Tour de Babel…

The Tower of Babel /The Wind par Du Zhenjun
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Du sommet de ma Tour de Babel, vautré sur mon divan, j'aperçois distinctement à l'horizon de ma terrasse Est, pourtant à plusieurs dizaines de kilomètres, le skyline de mes montagnes natales et même, au-delà, le Mont-Blanc et la chaîne des Alpes. 
Après Ornette Coleman (Ramblin), puis la belle harpiste Dorothy Ashby (Stella by Starlight) j'écoute Carmen Mc Crae (My Foolish Heart), en relisant le formidable Journal de guerre de Jean Malaquais. 
Quel ouvrage éloquent à propos du "vivre ensemble" et de l'immonde promiscuité avec les bipèdes sublunaires  ! Mais qui lit de nos jours cet auteur saisissant ? Tant mieux ! Qu'il est délectable d'être le seul ou presque à lire des auteurs que l'on aime.

Je me demande où je vais bien pouvoir loger ma trentaine de machines-à-écrire dans ces 80 m2 envahis par les livres. Je n'en sacrifierai pas une seule.
En revanche, je songe à réduire drastiquement le nombre déjà riquiqui de mes derniers interlocuteurs, les cybernétiques, en éliminant les faux-cul, les réclameurs d'attention, les susceptibles, les lunatiques, les emmerdeurs, etc…. Quant aux interlocuteurs "en bugne-à-bugne", autrement dit in vivo, voici déjà belle lurette que l'épuration radicale en a été faite. Le pire des emmerdeurs est l'abruti toujours inopportun que j'aperçois dans le miroir. Mais j'ai trouvé l'astuce de repeindre le miroir en même temps que le mur, en noir. (Ma semaine de bonté est révolue : elle aura duré plus d'un demi-siècle. De l'indulgence envers les autres ou envers ce pénible et indécramponnable inconnu, le "moi-même", laquelle est la pire ?) 
Je regarde une nouvelle fois la vidéo du monstre marin énigmatique échoué sur une plage d'Acapulco car je me dis qu'il me ressemble terriblement — en tout cas je m'y reconnais tout à fait.
Puis je repique à une nouvelle sieste, en ruminant comme un mantra la formule de Cioran : "Dans ce monde d'avortons et de poufiasses, il s'agit malgré tout d'être digne." Tout est dans le malgré tout.
L. W.-O.

Jean Malaquais


3 commentaires:

Ani a dit…

Remingtons en stock, miroir noir, divan profond: idées de déco pour la pouf qui vous lit et pour son chéri tout pourave qui zone tout de même de temps à autres avec des Javanais

Luc-Antoine Marsily a dit…

Fasciné, Arthur le chat contemplait le monstre (?) d' Acapulco.
Et je méditais sur Cioran en attendant d'écouter CCR...
Une fois encore, L. W-O. embellit un instant. Grazie mille !

Pensez BiBi a dit…

Si,si, on le lit le Malaquais.
Et on applaudit à ça :
« Je ne puis écrire une ligne sans me surveiller : accoudé sur mon épaule, quelqu’un me lit et me censure. Dieu de la Littérature, épargnez-moi de donner dans la putasserie des littérateurs ! »