lundi 30 septembre 2024

"Cette répulsion instinctive…"





Video : Céline figurant dans Tovaritch de Jacques Deval

" Cette répulsion instinctive, qu'inspirent les commerçants à ceux qui les approchent et qui savent, est une des très rares consolations qu'éprouvent d'être aussi miteux qu'ils le sont ceux qui ne vendent rien à personne."

" Pour être heureux, soyez épicier, c'est tout… Strictement épicier ! Lard ! sucre ! macaroni ! c'est plus net, c'est plus honnête, le bonheur est là… "

Louis-Ferdinand Céline

Quel contemporain, dans ce pays aux 50 millions d'écrivains, serait capable d'écrire de telles phrases ? Pas le moindre, ou quasi. Ce qui dit assez les lamentables capacités de ces 50 millions de grosses têtes et bafouilleuses enflures. 



vendredi 27 septembre 2024

"Tirons-nous vite !"

dessins du grand Charlie Schlingo


Les libraires, plutôt que nous maudire ou nous suspecter d'un vol quand on ressort de leur effarant commerce sans rien avoir acheté, devraient au contraire nous traiter avec considération, pour ne pas avoir été assez con, comme tous les autres, pour tomber dans leurs pièges, et ils devraient nous féliciter d'être un client exceptionnel, comme ils en voient si rarement. Un lecteur digne de ce nom comme il n'en vient quasi plus dans ce qu'ils osent encore appeler une librairie.

L.W.-O. 




 

jeudi 26 septembre 2024

Louis-Ferdinand Céline, Arno Schmidt et Claude Riehl…



https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5P9XO0ZUD2EYHphgSARZ7CHtNFfqZ4PKJjedLygiG43Y6hTKN4AVmpB3jgPpH1c0mxx7SH1ngFdEOpnqxptrl0saOhElvcEdkHKgAp15ucNWd3trTqrZNfYfrZST9HYm1RFoiD8ydB5Tm/s1600/claude-riehl+-+copie.jpeg

Plusieurs indices nous redonnent l'espoir d'une prochaine parution d'une traduction d'un inédit d'Arno Schmidt, comme par exemple une allusion récente et discrète d'Éric Chevillard sur son Autofictif à une préface qu'on lui avait demandée. Electrifié par cette supposition tant de fois décue depuis des années, on est toutefois incapable de savoir quoi, ni quand, ni chez qui. Mais on commence à se dire que l'on n'aurait donc pas invoqué mille fois en vain les Dieux pour la survenue d'un tel miracle ! Arno Schmidt et Claude Riehl, mais qui évoque (et lit) encore ces deux phénomènes ?!
 
En attendant, voici en bonus ces peanuts :
"(…) En repensant à mon travail je dirais : heureusement qu’il y avait Louis-Ferdinand Céline, le seul écrivain de ce siècle qui nous persuade que le français n’est pas encore une langue morte et dont l’énergie et l’audace – en particulier dans les descriptions de la trilogie (D’un Château l’autreNord, Rigodon) produisent une écriture souvent curieusement proche des grands expérimentateurs allemands du début du siècle, sans qu’on puisse dire s’il en avait pris connaissance – c’est plutôt improbable malgré son séjour d’un an à Diepholz (!) chez “le Rektor Schmidt” (!!). Oui, confronté à cette prose à la fois si puissante et si poétique des récits d’Arno Schmidt, j’allais (et je vais toujours) me ressourcer, dérober des paquets d’énergie dans la “caisse furibonde” de monsieur Louis-Ferdinand Destouches. (…)
Claude Riehl, "He drew in silence…"
(à propos de la traduction d'Arno Schmidt)


Sur le sujet, on (re)lira avec profit la longue chronique, "Ça a commencé comme ça", que j'avais consacrée en 2014 à la parution en fac-similé du manuscrit de Voyage au bout de la nuit,  où j'évoque feu notre fabuleux ami le grand Claude Riehl lecteur de Céline (et le plus fort !).
 
Bonus

mercredi 25 septembre 2024

Au petit bonheur la chance…

 

CAP AU PIRE, selfie © Louis Watt-Owsn / Aurillac 2023  
 

"Il faut bien parfois y aller au petit bonheur sinon on piétine sur place…"

 Gaston Chaissac

dimanche 22 septembre 2024

FLAUBERT C'EST MOI !

 

 Cartes postales...

L'autre jour, à Croisset, miraculeusement seul dans le fameux Pavillon de Flaubert, j'ai succombé à l'occasion tentante et au culot touristique de m'assoir à SA table, dans SON fauteuil qui me tendait les bras et dont je tapotais le dos comme à un vieux copain enfin visité. Je redoutais les méchants ressorts certainement rouillés sous le vieux cuir couleur de sang, mais anticipant les futurs reproches qu'il se ferait si il n'osait pas tenter le coup, le touriste brava l'interdit du sacrilège et, enhardi, laissa choir son lourd cul de gorille sur le trône du Roi des écrivains. Il se révéla d'un moelleux ! confortable comme un Poltrone Sofa ! Je comprenais enfin pourquoi l'ami Gustave ne le quittait quasi jamais... À cette table légendaire où le Roi des Écrivains écrivit, si lentement, tous ses livres légendaires et, à toute berzingue, ses 100 000 lettres légendaires, je ne pus moi, en une heure, pondre laborieusement qu'un minable hypocrite SMS à un connard et prendre un rendez-vous sur Doctolib. Plus tôt j'avais aussi ouvert tous les tiroirs de la bibliothèque, mystérieusement vidée de tout livre, où ne se trouvaient que des rouleaux de ficelle, du scotch, des punaises, des clous rouillés, un marteau et une vignette Panini de Kylian M'Bappé, et j'y avais fourré un Bic neuf, du papier vierge et une enveloppe timbrée avec mon adresse, on ne sait jamais. À peine avais-je expédié mon SMS, un peu vexé tout de même de n'avoir même pas été capable d'un haiku, j'ai réalisé enfin, avec terreur, que j'étais assis sur les grosses cuisses du fantôme de Flaubert. J'ai bondi comme éjecté par un phénoménal coup de pied où je pense. Des semaines déjà plus tard j'ai encore si mal que je ne peux toujours pas m'assoir sur mon propre trône, de Roi des Cons...

L. W.-O