La Main de singe : — Comment s'est passé le séjour sur l'Île Lincoln où tu as œuvré dans l'isolement et l'incognito ?
Claude Riehl : — J'ai fait inscrire par piété en lettres d'or sur un rocher la formule suivante : "J'ai rompu avec la société tout entière pour des raisons que moi seul ai le droit d'apprécier. Je n'obéis donc point à ses règles, et je vous engage à ne jamais les évoquer devant moi ! "
Extrait d'un entretien avec Claude Riehl,
La Main de singe, 2005, n°3 / nouvelle série
Le 11 février 2006 disparaissait brutalement Claude Riehl, qu'il serait inconvenant de réduire au "traducteur d'Arno Schmidt". Dès 1991, jusqu'en 2005, il collabora étroitement à la plupart des numéros de La Main de singe. Il en fut et en reste le grand inspirateur.
Un riche site, auquel nous travaillons, lui sera très prochainement consacré, qui donnera nombre de textes, documents et images. On le retrouvera également dans les numéros "papier" de la nouvelle série de La Main de singe, bientôt feuilletable en ligne. Des publications de traductions inédites sont prévues.
Nul doute qu'aux Élysées (voir le Tina d'Arno Schmidt !), bien entouré de Jules Verne, Oskar Panizza, Laurence Sterne, Tobias Smollett, Raymond Queneau, H.P. Lovecraft, Jean Paul Richter, E.T.A. Hoffmann, Karl May, Sonny Boy Williamson, Charlie Parker, Edgar Pœ, Louis Scutenaire & cie, il veille à ce qu'on ne raconte pas n'importe quoi sur son compte. On le salue avec grande émotion.
L. W.-O.
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Ci-dessus, Claude Riehl frappant à la porte d'Arno Schmidt, chez qui il va pénétrer pour la première fois. C'était en août 1992, à Bargfeld. Cette photo inédite a été prise par Laurence Chanel, et mise en scène par Claude Riehl et L. W.-O.
En mémoire de Claude Riehl
(22 décembre 1953 — 11 février 2006)
Ci-dessus, Claude Riehl frappant à la porte d'Arno Schmidt, chez qui il va pénétrer pour la première fois. C'était en août 1992, à Bargfeld. Cette photo inédite a été prise par Laurence Chanel, et mise en scène par Claude Riehl et L. W.-O.
En mémoire de Claude Riehl
(22 décembre 1953 — 11 février 2006)
Howard-Phillips Lovecraft
À UN RÊVEUR
Je fixe tes traits, impassibles, si pâles à la bougie ;
bordées de noir tes paupières : tirées
sur des yeux qui ne voient plus rien de cette terre.
Et plus je te regarde, plus je voudrais savoir
par quels chemins te mènent tes rêves,
quels royaumes ils révèlent à ces yeux
qui n'aperçoivent plus rien ici, m'ignorent.
Moi aussi j'ai surpris dans mon sommeil
de ces choses que la mémoire refuse d'admettre
mais qui me reviennent peu à peu
à chercher ce qu'ils peuvent bien voir maintenant…
Moi aussi, tu le sais, j'ai connu les pics de Thok !
Et les combes de Pnath, où s'assemblent les inimaginables !
Et les caveaux de Zin ! — comment ne pas comprendre
pourquoi tu as tant besoin de cette simple bougie !
Quelle grimace semble crisper ton visage, tes lèvres barbues !
Oh quelle panique a dû s'emparer de ton esprit et de ton cœur !
Quelle froide sueur a perlé à ton front !
Les vieilles visions reviennent… Tes yeux se rouvrent :
où je distingue d'autres cieux, grouillant de démons !
Et leurs noirs essaims, c'est à ma poursuite qu'ils s'élancent
maintenant, dans cette nuit aveuglante !
H.-P. Lovecraft
(Traduction L. Watt-Owen, 11 février 2008)
(Traduction L. Watt-Owen, 11 février 2008)
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