J'apprends à l'instant (via le Tiers-Livre de François Bon) cette bien mauvaise nouvelle : l'émission L'Atelier littéraire (ex-Jeudis et Mardis Littéraires) a été supprimée en cette rentrée par France-Culture et sa productrice Pascale Casanova remerciée sans ménagement.
Ayant collaboré pendant plusieurs années à cette émission à l'invitation de Pascale, j'en dirai plus un peu plus tard, le temps de me renseigner et de rédiger quelque chose.
Pour l'instant je me contente de relayer l'information et de redonner bien volontiers ici la lettre de protestation ci-dessous, lancée à l’initiative de Xavier Person, Patrick Kechichian et Aurélie Djian, refusée par Le Monde et par Libération, et publiée en ligne par Mediapart, signée de nombreux auteurs et collaborateurs. On lira également ce qu'en dit ACRIMED.
“ Pascale Casanova, apprend-on, vient d'être licenciée par Radio France « pour un désaccord concernant son contrat de travail ». Nous n'en revenons pas. L'Atelier littéraire disparaît de la grille de France-Culture, sans discussion, sans un mot prononcé, à notre connaissance, pour saluer un travail radiophonique exemplaire qui, durant près de quinze ans (les Jeudis littéraires puis Les Mardis littéraires avant L'Atelier depuis la rentrée 2009) et vingt-cinq ans d'antenne sur France-Culture, est devenue l'un des lieux les plus stimulants pour la littérature, pour une certaine idée de la littérature. Réunissant des écrivains, des critiques, des universitaires, des éditeurs, des libraires et des traducteurs, d'émission en émission, Pascale Casanova donnait à entendre une parole critique libre, un ton ou « une inflexion de voix juste », pour reprendre le mot de Julien Gracq. Nous sommes nombreux, assurément, à regretter cette disparition et à saluer la justesse, l'intensité et l'attention de cette voix. Elle va nous manquer.
L'Atelier littéraire proposait chaque semaine, non pas une table ronde de « personnalités » où chacun son tour disait « j'aime » ou « j'aime pas » suivi d'un bon mot ou d'une formule lapidaire potentiellement polémique, mais un espace critique exigeant, drôle, sensible, impertinent, ouvert au débat contradictoire, à la réflexion. Prenant au sérieux le fait littéraire et interrogeant sa modernité, dans une approche ouverte au monde. Auteur, notamment, d'un livre important, La République mondiale des Lettres, Seuil, 1999 et Points, 2008, Pascale Casanova était qualifiée pour conduire, avec ses invités, un tel débat. Son émission ne se contentait pas de diffuser l'entendu d'avance, la répétition du même, mais osait l'écart, la surprise, le questionnement. Une émission curieuse de la multiplicité des formes, des expériences littéraires. Prenant le risque du contemporain, avec toutes ses incertitudes, ses combats, ses vertiges. Qui a su découvrir ou redécouvrir nombre d'auteurs français et étrangers, souvent laissés de côté par les autres médias littéraires. Qui continuait de cultiver un certain art de la conversation, une certaine élégance. Et donnait sens encore à ce beau mot de critique, trop souvent ramené à une simple préoccupation promotionnelle. C'est tout cela qui faisait la tonalité particulière de cette voix. Nous tenions à le dire. "
L'Atelier littéraire proposait chaque semaine, non pas une table ronde de « personnalités » où chacun son tour disait « j'aime » ou « j'aime pas » suivi d'un bon mot ou d'une formule lapidaire potentiellement polémique, mais un espace critique exigeant, drôle, sensible, impertinent, ouvert au débat contradictoire, à la réflexion. Prenant au sérieux le fait littéraire et interrogeant sa modernité, dans une approche ouverte au monde. Auteur, notamment, d'un livre important, La République mondiale des Lettres, Seuil, 1999 et Points, 2008, Pascale Casanova était qualifiée pour conduire, avec ses invités, un tel débat. Son émission ne se contentait pas de diffuser l'entendu d'avance, la répétition du même, mais osait l'écart, la surprise, le questionnement. Une émission curieuse de la multiplicité des formes, des expériences littéraires. Prenant le risque du contemporain, avec toutes ses incertitudes, ses combats, ses vertiges. Qui a su découvrir ou redécouvrir nombre d'auteurs français et étrangers, souvent laissés de côté par les autres médias littéraires. Qui continuait de cultiver un certain art de la conversation, une certaine élégance. Et donnait sens encore à ce beau mot de critique, trop souvent ramené à une simple préoccupation promotionnelle. C'est tout cela qui faisait la tonalité particulière de cette voix. Nous tenions à le dire. "
SIGNATAIRES
François Bon
Eric Chevillard
Antoine Volodine
Marie Darrieussecq
Pierre Bergounioux
Jean Echenoz
Pierre Michon
Jean Rolin
Stéphane Bouquet
Jean-Charles Massera
Bertrand Leclair
Olivier Cadiot
Marianne Alphant
Christian Prigent
Jean-Baptiste Harang
Hélène Cixous
Patrick Deville
Philippe Forest
Zahia Rahmani
Nathalie Quintane
Michel Deguy
Patrick Kéchichian
Xavier Person
Tanguy Viel
Sylvie Gouttebaron
Bernard Heidsieck
Jacques Roubaud
Emmanuel Hocquard
Tiphaine Samoyault
Thomas Clerc
Yves Pagès
1 commentaire:
"Le Monde" ? "Libération" ? Parlez-moi plutôt de "La Montagne" ou de "La Voix du Nord". Du "Journal de Saône-et-Loire", à la rigueur...
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