Le grand poète italien Andrea Zanzotto est mort le 18 octobre, dernier, à l'âge de 90 ans.
Je l'avais publié à plusieurs reprises dans La Main de singe, en 1995 et 1996, (dans des traductions de Phlippe di Meo, qui se dépensa sans compter pour le faire connaitre en France).
N'ayant pas sous la main ces numéros, je ne saurais donner plus de précisions.
Ni même en citer quelques extraits.
Je me rattraperai bientôt.
Mais je n'ai pas oublié, parmi ses contributions, ces forts hommages rendus à Pier Paolo Pasolini et à Nico Naldini.
J'ai deux ou trois courriers qu'il m'avait expédiés alors, en lecteur de la revue.
Eux aussi sont égarés dans mon joyeux bordel.
Je voulais juste marquer le coup de cette disparition, qui me touche.
Je mesure la grande chance d'avoir pu le publier.
L. W.-O.
" un journaliste local, vétéran,
dans des vieilles enveloppes ses coupures de presse existent bien – :
comme il donnait à cette région minuscule
à ce petit jeu de collines,
espaces pour le moins australiens,
grâce à des souffles-de-verrier dannunziens !
ou pour le moins canadiens,
grâce à des tourbillons de langage dannunzais !
Comme cette résolution optique était sans pareil !
« Les caravanes descendent à la Pieve »
« Elles viennent par la callai »
« Du Passo delle Donne , de la
Riviera delle Rose, de l’Ermitage de Giotto »
(merveilles géographiques
vertigineusement inidentifiables
et pourtant douées d’un épuisant chatouillis de la présence »)
« Ils viennent de loin, de plus loin,
des Grottes del Pedré (3 km. du centre-ville)
« du Molino del Re » (5 km du centre-ville)
Il parle également de Villa Toti «où
dans sa voiture rouge D’Annunzio arriva un soir»,
un D’Annunzio digne d’une guerre des étoiles,
éternellement vétéran vers le soir,
un D’Annunzio dont je savais qu’il existait
– même si je n’étais pas bien informé –
dans un cabrement scénique infini
qui, depuis sa stature de pulvérulente nanitude ,
ou encore déstructurant tout schéma,
peut se développer, qui depuis la par-
cellarisation tumultueuse des mois peut se développer –
Prenez à droite et tu trouveras
l’arbre, la villa, la prune qui scintille,
la Toti, D’Annunzio (à cause d’une invitation à dîner)
Cherchez dans l’enveloppe et tu trouveras
l’article qui
illustre définitivement Aie
des coupures de presse aie des espaces
fais qu’ils se reprennent bien,
ravaude-les, corrige-les,
photocopie-les au reste
ils sont inextirpables
et néanmoins innombrables dans un seul pore
(à cause d’une invitation à dîner) "
Andrea Zanzotto
extrait de
traduction Philippe Di Meo
Éditions José Corti, 2006
Zanzotto a traduit Henri Michaux, Michel Leiris, Balzac et d'autres.
Il était grand lecteur d'Artaud, Conrad, Pessoa, Lacan, Pasolini, Dante, Ungaretti et tant d'autres.
Ses Essais critiques traduits chez Corti sont une mine !
Il collabora étroitement avec Fellini.
On recommande vivement à ceux qui ne les connaissent pas ses livres traduits aux éditions José Corti (Idiome, Phosphène, Essais critiques) et chez Maurice Nadeau.
Autres liens :
En mémoire d'Andrea Zanzotto par Martin Rueff
Andrea Zanzotto sur le site Poezibao
par le regretté Bernard Simeone
(sur le site deJean-Michel Maulpoix)
La mort de Zanzotto par René de Ceccaty dans Le Monde
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