Mon grand-père, Charles P., 1966 photo par L. Watt-Owen © |
Et dire qu'à l'époque je rêvais
de ressembler plus tard à Jacques Dutronc !
Je retombe par hasard sur une photo oubliée de mon grand-père, Charles P.. C'est lui qui m'a élevé. Ce pauvre paysan de montagne-à-vaches du Bugey est mort voici déjà 31 ans. Avec mon autre grand-père, Léon B., autre pauvre paysan, de l'Autunois lui, bien qu'ils ne se soient rencontrés que deux fois au plus, ils font la paire : à mes yeux ce sont les hommes les plus fabuleux du monde. Je leur dois tout. Y compris ma tête, la gueule de cette tête, la voix de cette tête, le tempérament de cette tête, et ma dégaine de cul terreux. Je tiens des deux, qui, bien que petits agriculteurs, étaient de caractère et de mœurs si opposés. (Cela me vaut la remuante complexion, un tantinet schizoïde, d'une riche personnalité comme on dit !).
C'est moi qui ait pris cette photo, il y a 50 ans, en 1966. J'avais alors 9 ans. Je ne la regarde pas sans trouble : j'ai aujourd'hui quasi l'âge que mon grand-père avait à l'époque. Il serait instructif de nous comparer. Or cela m'est impossible : mon aversion pour les miroirs est trop forte. Je pourrais faire un selfie ? mais depuis trop d'années je me suis promis d'abattre comme un chien quiconque oserait me tirer le portrait. Ce serait donc du suicide.
Ce dont je suis certain, c'est que l'image que j'avais de lui à l'époque est aussi héroïque que catastrophique celle que j'ai de moi aujourd'hui. Inutile donc d'aller vérifier. C'est tout vu d'avance : entre lui et moi, il n'y a pas photo.
L. W.-O.
Ce billet fait écho à ce premier volet :
et à celui-ci, à propos de Léon B. :
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