Witold contre Gombrowicz (Montage par LWO) click to enlarge |
Witold Gombrowicz, extrait du Journal |
Page manuscrite de Kronos (relatant l'année 1938) |
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Notes sur l'année 1923 |
Notes sur les années 1936/1937 |
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"KRONOS" : le Journal secret de Gombrowicz
L'aficionado de Witold Gombrowicz, dans ce grotesque pays bien ingrat envers cet homme sublime qui fit le choix d'y vivre malgré son aversion pour la tarte-aux-pommes, a fini par se faire une raison. Il n'attend plus depuis longue lurette qu'on lui traduise par ici des volumes de correspondances et autres friandises posthumes. Un peu au jus tout de même des saines névroses du polonais, il n'espère certes pas qu'on fasse ses poubelles, depuis longtemps vidées par ses soins (il détruisait ses manuscrits et tous ses brouillons). Quant à rêver d'inédits… L'aficionado de Gombrowicz ne saurait prendre ses désirs pour des réalités.
Et puis voilà qu'en 2013, Rita Gombrowicz révèle, malgré elle, car le tuyau en avait fuité, que son imprévisible époux avait tenu depuis 1953, en plus de son légendaire Journal publié, une espèce de copieux memorandum secret, intitulé Kronos — auquel il tenait énormément, au point de faire jurer qu'en cas d'incendie c'était la première chose à sauver, avec aussi la totalité de ses contrats. Le manuscrit de ce Kronos rédigé à la diable fut décrypté, tapé au propre et publié dans la foulée en Pologne.
Et puis voici qu'il vient d'être traduit et édité en France dans la fameuse collection rose Malabar de chez Stock ! En apprenant la nouvelle, l'aficionado est illico interloqué, sinon carrément sonné. Il se frotte les mains jusqu'à réinventer le feu sans autres ustensiles. Au diable l'avarice bien involontaire à quoi le contraint sa misère, c'est avec joie qu'il court se fendre de 24 euros pour acquérir les 392 pages qui berceront ses prochaines insomnies.
Pour quelques euros de plus, il achète aussi un accessoire indispensable à la lecture de l'ouvrage : un cutter. Et tandis que sa carte bleue fume sur le comptoir, sous les yeux exorbités de la libraire, il ampute l'ouvrage de son premier cahier de pages : il se refuse à ramener chez lui l'aberrante préface signée d'un aberrant crétin à qui l'aberrant éditeur a eu l'aberrante idée de réclamer contribution pour éclairer le lecteur, le prenant ainsi vraiment pour le con qu'il subodore. Le préambule de Rita Gombrowicz, mieux placée que quiconque pour présenter ce mystérieux Kronos, ne suffisait-il donc pas ?
Chez Stock, on redoutait sans doute une vente confidentielle : les aficionados de Gombrowicz ne sont pas légion et on voit mal qui, à part ces drôles d'oiseaux, pourrait avoir de l'intérêt pour ce memorandum sybillin, qui réclame connaissance de l'œuvre et de la biographie du gentleman polonais. Quand on sait que, déjà, les romans et récits restent ignorés même des lecteurs qui se croient des lecteurs et n'ont réussi à s'imposer un peu qu'au fil de plusieurs décennies… Brèfle…
Les grosses têtes ont dû carburer à plein régime lors des réunions du staff marketing pour trouver moyen d'attirer quand même l'attention du gogo : il suffirait de demander préface à un people télévisuel vendeur, qu'on appellera Cucul-la-Prâline, lui-même auteur, critique, éditeur, agent moral, cinéaste, noctambule mondain, etc… Autant de qualités qui compensent amplement sa compétence nulle quant au retors écrivain polonais. Le pire ? c'est que cette entourloupe du service marketing (faire présenter ce trop finaud Gombrowicz que tout le monde ignore par un gros con que tout le monde connait) s'avère peut-être plus gombrowiczienne qu'il n'y paraît.
Cette préface est sans doute ce qu'on a écrit de plus effarant sur le pauvre Gombrowicz. Cucul-la-Prâline prend vraiment au sérieux son rôle d'introducteur et de pédagogue. Ne se doutant pas un seul instant que seuls des aficionados de Gombrowicz auront ce livre entre les mains, Ducon s'adresse donc au lecteur comme à une buse qui ne saurait même pas de qui ni quoi qu'on cause. Ainsi se cuculise-t-il lui-même sans le savoir. Son enthousiasme en témoigne : comme à la télé où il fait son numéro de tête-à-claques donneuse de leçons, il se la pète, avec un plaisir onaniste qui révulse le témoin de cette branlette. Cucul-la-Prâline ne se refuse rien, va jusqu'à se comparer avec l'incomparable, s'emberlificote dans des envolées phrasibuleuses et même se permet tout du long d'appeler Gombrowicz tout simplement Witold. On peut difficilement faire plus abject.
Je m'en voudrais de citer le nom de l'effroyable préfacier. Il est sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes de ce pays puisqu'il est tellement partout que le voilà désormais installé à domicile dans l'émouvante autobiographie de Gombrowicz. Cela m'écorcherait tant la gueule de le dire que je préférerais, avec le cutter, me graver sur le front un "Je suis Ubu", autre polonais. Ce serait moins la honte.
Et puis voici qu'il vient d'être traduit et édité en France dans la fameuse collection rose Malabar de chez Stock ! En apprenant la nouvelle, l'aficionado est illico interloqué, sinon carrément sonné. Il se frotte les mains jusqu'à réinventer le feu sans autres ustensiles. Au diable l'avarice bien involontaire à quoi le contraint sa misère, c'est avec joie qu'il court se fendre de 24 euros pour acquérir les 392 pages qui berceront ses prochaines insomnies.
GOMBROWICZ & CUCUL-LA-PRÂLINE
Pour quelques euros de plus, il achète aussi un accessoire indispensable à la lecture de l'ouvrage : un cutter. Et tandis que sa carte bleue fume sur le comptoir, sous les yeux exorbités de la libraire, il ampute l'ouvrage de son premier cahier de pages : il se refuse à ramener chez lui l'aberrante préface signée d'un aberrant crétin à qui l'aberrant éditeur a eu l'aberrante idée de réclamer contribution pour éclairer le lecteur, le prenant ainsi vraiment pour le con qu'il subodore. Le préambule de Rita Gombrowicz, mieux placée que quiconque pour présenter ce mystérieux Kronos, ne suffisait-il donc pas ?
Chez Stock, on redoutait sans doute une vente confidentielle : les aficionados de Gombrowicz ne sont pas légion et on voit mal qui, à part ces drôles d'oiseaux, pourrait avoir de l'intérêt pour ce memorandum sybillin, qui réclame connaissance de l'œuvre et de la biographie du gentleman polonais. Quand on sait que, déjà, les romans et récits restent ignorés même des lecteurs qui se croient des lecteurs et n'ont réussi à s'imposer un peu qu'au fil de plusieurs décennies… Brèfle…
Les grosses têtes ont dû carburer à plein régime lors des réunions du staff marketing pour trouver moyen d'attirer quand même l'attention du gogo : il suffirait de demander préface à un people télévisuel vendeur, qu'on appellera Cucul-la-Prâline, lui-même auteur, critique, éditeur, agent moral, cinéaste, noctambule mondain, etc… Autant de qualités qui compensent amplement sa compétence nulle quant au retors écrivain polonais. Le pire ? c'est que cette entourloupe du service marketing (faire présenter ce trop finaud Gombrowicz que tout le monde ignore par un gros con que tout le monde connait) s'avère peut-être plus gombrowiczienne qu'il n'y paraît.
Cette préface est sans doute ce qu'on a écrit de plus effarant sur le pauvre Gombrowicz. Cucul-la-Prâline prend vraiment au sérieux son rôle d'introducteur et de pédagogue. Ne se doutant pas un seul instant que seuls des aficionados de Gombrowicz auront ce livre entre les mains, Ducon s'adresse donc au lecteur comme à une buse qui ne saurait même pas de qui ni quoi qu'on cause. Ainsi se cuculise-t-il lui-même sans le savoir. Son enthousiasme en témoigne : comme à la télé où il fait son numéro de tête-à-claques donneuse de leçons, il se la pète, avec un plaisir onaniste qui révulse le témoin de cette branlette. Cucul-la-Prâline ne se refuse rien, va jusqu'à se comparer avec l'incomparable, s'emberlificote dans des envolées phrasibuleuses et même se permet tout du long d'appeler Gombrowicz tout simplement Witold. On peut difficilement faire plus abject.
Je m'en voudrais de citer le nom de l'effroyable préfacier. Il est sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes de ce pays puisqu'il est tellement partout que le voilà désormais installé à domicile dans l'émouvante autobiographie de Gombrowicz. Cela m'écorcherait tant la gueule de le dire que je préférerais, avec le cutter, me graver sur le front un "Je suis Ubu", autre polonais. Ce serait moins la honte.
L. W.-O.
4 commentaires:
Oui, mais le con en question l'est pour l'ensemble de son neunoeuvre, télévisuelle comprise.
Leurs élites, nos plaies.
Bien à vous. LAM.
Cher LAM,
Je vous crois sur parole.
N'ayant jamais lu (à part cette préface à W. G.) la moindre ligne de cette saloperie d'agité, et ne pouvant souffrir la moindre vision de sa gueule et le moindre décibel de ce qu'elle peut bien proférer, je le subodore néanmoins avec tant de force que cela m'épargne le besoin de le vérifier en me tapant son œuvre et ses apparitions médiatiques.
Nos aversions spontanées sont plus saines et moins douteuses que nos goûts.
Elles ont plus de jugeote que nos ménagements scrupuleux.
Bien à vous et à la Corse (et bon courage quand vous accueillerez l'exilé Enrico Macias !)
L. W. -O.
Un article qui a de la GUEULE!
Figurez-vous, cher Louis, que nous avons une production conséquente de nuisances autochtones , et que nous en importons allègrement tout au long de l'année.
Nul besoin d'y rajouter ce Monsieur.
En d'autres temps et circonstances, il n'aurait pas eu l'inconscience de formuler un tel projet.
Mais comme Mme LePen ne sera pas élue en 2017, son vœu demeurera en l'état.
Celà dit, j'ai l'impression que notre petite discussion sur le Montaigne du - très - cher Schiffter a provoquê une fièvre inflationniste sur le dit plafond : vaut donc mieux dorénavant se taire pour dégonfler cette bulle !
Bien à vous. LAM.
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