Ci-dessus, une vidéo rare, avec György Petri :
"Arizona Diary with poet György Petri • 1992"
Je retombe par hasard, dans les archives de la revue, sur ces adaptations de quelques poèmes du hongrois György Petri, réalisées avec un ami hongrois, en 1993, de retour de Budapest. La Main de singe était particulièrement "branchée" sur les auteurs magyars : Peter Esterhazy (dont je vais reparler ici très vite), Endre Kukorelly, Ivan Mandy, G. Krudy, etc…, mais ces vers du grand Petri n'ont finalement jamais paru. Je les donne enfin ici en l'état, espèces de brouillons retrouvés, juste parce que j'enrage qu'un tel bonhomme soit complètement ignoré sous nos latitudes, et dans l'espoir qu'un éditeur français s'y mettra un jour sérieusement, comme l'ont fait courageusement il y a déjà quelque lurette les éditions FONT, à l'occasion du Festival Est-Ouest de Die. En attendant cette saint-glinglin, mieux vaut ces adaptations balourdes plutôt que rien du tout. Né en 1943, Petri a disparu en 2000. On ne sait par ici pas grand chose sinon rien sur ce poète qui a marqué ses contemporains hongrois, parmi lesquels Peter Esterhazy. Si quelqu'un peut en dire plus, les colonnes de ce blog lui sont ouvertes. L.W.-O."Arizona Diary with poet György Petri • 1992"
MOI
Ce grain de raisin sec
que Dieu,
dans son Eden craquant de gel,
se garde
pour la bonne bouche…
IL FAIT SI BON !
Il fait si bon plonger à plat ventre
dans l’herbe haute, après avoir écrit;
si bon marcher dans le ciel jusqu’aux rotules;
si bon laisser la cervelle se dégourdir
les pattes (et rentrer taper ce genre de truc,
c’est alors presque aussi bon)
SOMBRE NOEL
J’ai 40 ans. La suite de l’histoire, etc… etc… :
je n’en sais rien de rien.
Pour l’heure, on a un de ces hivers doux !
Pas de neige dans la cour :
le temps égorgé se vide
à gros bouillons sur le gel fragile du purin.
HIVER 1980
Bientôt 49 ans : à la fin
de cette mini-époque…
J’ignore ce que sera alors
la mode en matière de slips
ou de déguisements pour l’âme.
Belle lurette que j’aurions été d’jeun’ !
Bien décati déjà,
le pauvre type aura-t-il plié ?
Pas sûr ! Avec quoi aura-t-il transigé ?
Et le journal, il le lira dans quelle langue ?
Et baisera-t-il encore
celle qui s’éveille ce matin dans son lit ?
BECKETT, SYNOPSIS
Dans une lumière malade
(ampoules fiévreuses,
à claquer), dans la clarté
qui tombe de par là-haut
(fruits lumineux, pendus) :
ORDURES.
Il y a
des bobines de fil,
de la ficelle,
du crépon, du kraft, du papier de rembourrage,
la musette,
des conserves vides…
Entrent : deux (mettons !) SEMBLABLES.
Ils attendent jusqu’à ne plus le pouvoir.
Alors l’un des paraît-il SEMBLABLES sort.
L’autre paraît-il SEMBLABLE se retrouve
comme un idiot, seul en scène.
György Petri
adapté du hongrois par L. Watt-Owen et Andras Töry
Bonus : cet Apokrif, en v.o., pour le sublime de la langue hongroise, indéchiffrable, par nous autres, belle comme du vénusien. Du saturnien plutôt.
Apokrif
Zakatol a szentcsalád
Isten tömi Máriát,
József nem tud elaludni,
keres valami piát.
Nem lel, felkel. Pizsamára
húz fel inget és gatyát,
lemegy a Háromkirályba,
hogy egy fröccsöt legalább---
---"Megint Isten?"
---"Az hát, megint."
Sóhajt, nagyot húz és legyint:
---"Különben,
múltkor kivertem a huppot.
Ha az orrom elött dugtok!
---de így megmondtam a Marinak,
legalább tartsad a pofád,
úgyis szól, mint a földrengés
mindig az a rohadt ágy,
közben - de komolyan! - ne halljak
több ha-ha-ha-halleluját!"
LIENS :
Une page consacrée à Petri (en v.o.).
Bibliographie succinte :
L’époque d’imbéciles intrépides arrive, poèmes. Traduit par Ivan Bajomi et al. Budapest: Font Ed., 1991. Publié dans le cadre du Festival Est-Ouest de Die (Drôme)
Night Song of the Personal Shadow. Selected poems. Translated by Clive Wilmer–George Gömöri. Newcastle upon Tyne: Bloodaxe, 1991.
Eszterházy Péter, Egy kék haris Dokumentum, Magvető, 1996. Benne: Petri György interjújával.
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