Le film de Nietzsche en boucle dès que je pense à Nietzsche… Je ne peux plus le lire sans voir ce pauvre Nietzsche, le légume Nietzsche, tourner les yeux avec une terrible lenteur vers l'objectif. La main de Nietzsche remue si lentement, semble vouloir faire signe mais y renonce, faute de force, etc… Idée atroce que Nietzsche n'est pas devenu fou mais a été camé par sa sœur, pris en otage, ratatiné, momifié vivant, pendant que cette surfemme monstrueuse bricolait l'imposture de La Volonté de puissance sous son nez… Idée saugrenue que le pauvre Nietzsche en remuant la main s'apprête à faire un bras d'honneur mais son épuisement est si grand qu'il serait déjà incapable de porter lui-même la cuillère de soupe à ses lèvres… Mais c'est peut-être seulement qu'il veut se gratter et ne peut pas… Car il y a ces couvertures où étouffe ce Zarathoustra grabataire et que vient sans cesse remonter sa sœur… De la laine qui fait transpirer, qui l'irrite, le démange juqu'au sang, l'empèche de dormir… On ne peut plus oublier les yeux insoutenables de Nietzsche, son strabisme, son regard vide. Filmé sous un autre angle, on dirait cette fois le vieux Céline meudonnais, avec les moustaches de Staline. On raconte que ce film est un faux, une sorte de "gif" animé, un bricolage cybernétique à partir de photos fameuses, etc… Mais en quoi cela le rend-il moins irréfutable ? Au contraire. Ce film est celui qu'on n'osait pas se faire tout seul à partir des fameux clichés.
L. Watt-Owen
3 commentaires:
Magnifique.
Profondément poignant, émouvant, pathétique.
D'un mot : tragique.
Deux mains portent conseil... (une coïncidence par chez moi). Et je suis bien heureux que vous remettiez la main à la pâte.
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