dimanche 27 mars 2011

" Il finirait par y aller…"




" J'ai horreur du ton amer. (…) Or l'autre façon, la manière tendre et toute simple, je l'ai découverte avec beaucoup de peine, beaucoup plus, et je suis plus heureux pendant la journée si je la laisse informer ma pensée et me conduire dans mes rapports avec les gens, disons avec le souvenir des gens puisqu'on ne les voit qu'après coup, sur le moment on ne sait pas ce qu'on leur dit ni l'impression qu'ils nous font. C'est donc un fameux critère et je m'y tiens et je raconte autre chose. L'emberlificotage de mes naissances en définitive c'est le regret d'être changeant, pas de suite dans les idées, je ne sais rien dire sans une émotion toute fraîche, mes amis parfois me croient indifférent, c'est tout simplement parce que m'étant réveillé tard je n'ai pas eu le temps de me balader avant d'arriver chez eux, je n'ai rien à leur raconter. Je me demande souvent si les esprits brillants existeraient sans leur mémoire, je n'ai aucune mémoire, je voudrais pour n'être pas ridicule vivre dans un monde d'où elle serait exclue, on ne pourrait parler que des choses du jour, et on inventerait, on inventerait au fur et à mesure, c'est ça la vraie vie. "

Robert Pinget, Le renard et la boussole.

LIENS
On recommande vivement 
de cliquer ici afin d'écouter Clément Rosset 
parler de Robert Pinget et Samuel Beckett,
de lire dans la revue FUSÉES
le riche dossier Pinget
et sa lettre à Mortin
et son échange avec Dubuffet
(numéro en PDF téléchargeable)
et de visiter le site épatant consacré à l'univers de Robert Pinget
ainsi que le site consacré à son Quelqu'un

Rappel : Robert Pinget est publié aux Éditions de Minuit




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